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Interview de Ardyn et l'équipe VF de FFXV


Final Fantasy XV

C’était une grande nouveauté dans l’histoire de la saga. Final Fantasy XV est le premier épisode solo à s’être vu attribuer un doublage intégral dans notre belle langue de Molière. Et malgré l’attente et les craintes que cela pouvait susciter, les fans ont reçu avec beaucoup d’enthousiasme cette VF qui est le fruit de l’excellent travail du studio parisien Dune Sound.

Nous avons pu nous entretenir avec une partie de l’équipe à l’origine de cette localisation réussie et leur poser des questions que vous nous avez fait parvenir sur nos réseaux sociaux.

Bruno Meyere ; directeur artistique de la version française, Olivier Daubry ; chef de projet audio et Arnaud Léonard ; la voix française de Ardyn Izunia nous ont fait l’honneur de répondre à toutes vos questions avec plaisir, humour et sincérité.

Vous pouvez retrouver l’interview dans son intégralité dans notre vidéo tournée au YouTube Space de Paris en collaboration avec la chaîne Game cross Movie, ci-dessous.


Finaland : On va commencer par un message de remerciements de la part de notre communauté pour Bruno Meyere pour l’excellente qualité du doublage de FFXV.

Bruno Meyere : Merci ! Merci surtout à l’équipe qui est présente ici, même si elle n’est malheureusement pas au complet.

Olivier Daubry : Arnaud Léonard c’est quand même une grosse partie du talent du casting.

Finaland : D’ailleurs Arnaud Léonard, on va commencer par vous. Qu’est-ce qui vous a plu en Ardyn pour accepter de le doubler ?

Arnaud Léonard : C’est rigolo car ça fait plusieurs années que sur scène on me confie plus volontiers des rôles de méchants et Ardyn c’est du même style. J’ai eu notamment la chance de jouer Scar au Théâtre Mogador mais également l’ignoble Sykes dans Oliver Twist et donc du coup il y a une similarité avec mon rendu vocal. C’est étonnant de voir que même sans voir la tête ignoble que je peux faire quand je ne suis pas content, ou même quand je suis content, la voix suffit à ce qu’on me propose des rôles un peu plus sombres et c’est la chose qui me plaît chez Ardyn. Le méchant n’est jamais le méchant gratuit, il y a toujours une motivation au départ, une cause ou des souffrances, donc on va chercher là-dedans.

Finaland : Bruno Meyere, en quoi consiste le métier de directeur artistique du doublage français ?

Bruno Meyere : C’est un peu le monsieur Loyal de la troupe, celui qui dresse les fauves. Cela s’apparente à de la mise en scène mais exclusivement vocale, ça consiste à chercher qui va incarner quel rôle, faire des propositions, sachant que l’on ne décide pas tout soi-même, les décisions se font avec la prod, représentée ici par Olivier Daubry, qui a co-dirigé le doublage.

Olivier Daubry : Une sorte de monstre à deux têtes.

Bruno Meyere : C’est ça, un monstre à deux têtes. Sur une licence comme Final Fantasy il y avait pas mal de recherches à faire, que ce soit vocales, de talents, d’essais. Il y a eu beaucoup de monde sur le casting.

Olivier Daubry : En effet, Arnaud était notamment face à Féodor Atkine, qui est la voix française de Jafar et qui est un immense comédien.

Arnaud Léonard : C’est une des plus grosses voix de la synchro en France, respect à lui vraiment. Et ça je viens de l’apprendre, donc là j’ai une peur rétroactive monstrueuse et en même temps un grand ravissement (rire).

Bruno Meyere : Puis on fait nos propositions à Square Enix, en l’occurrence ici c’est Hajime Tabata qui a validé nos choix, ensuite il suffit de caler les séances, dresser un planning avec tous les comédiens et lancer le processus.

Finaland : C’est comment de travailler pour une entreprise japonaise ?

Olivier Daubry : J’ai eu la chance d’avoir beaucoup de projets, que ce soit avec des clients français, américains et japonais, mais sur Final Fantasy on avait l’impression de vraiment faire partie de l’équipe et on avait de nombreux échanges vraiment constructifs avec eux. Nous n’avions pas la position de prestataire face à un client, on était vraiment une équipe suivie sans ressentir de poids hiérarchique ou autre et c’était vraiment cool. Je ne sais pas si c’est propre à la culture japonaise, mais par exemple pour avoir travaillé avec beaucoup d’américains souvent on est juste des prestataires, ils nous envoient le travail, il n’y a pas vraiment de dialogue et quand on leur demande des choses nous n’avons pas toujours de retour. Sur Final Fantasy XV c’était plus facile, malgré la distance. On avait également l’aide de Laurent Sautière.

Bruno Meyere : C’est le traducteur responsable de la VF. Il travaille pour Square Enix Japon et il a suivi le projet de A à Z au point qu’on était perpétuellement en relation avec lui via Skype, il est aussi venu nous voir en France. C’est vrai que comme dit Olivier, par rapport aux différentes expériences que j’ai eu dans la direction de versions françaises de jeux vidéos, il y avait vraiment un suivi, un dialogue et on nous a donné le maximum de contextes et d’informations, notamment des vidéos « work in progress » qui nous ont permis d’avoir suffisamment de compréhension des scènes.

Olivier Daubry : Ils étaient à l’écoute. Par exemple quand on a commencé l’enregistrement on avait un rythme normalement standard mais qui était un peu trop rapide par rapport à la complexité des dialogues et la psychologie des personnages etc. donc dès le début on leur a demandé plus de temps pour un tel projet et ils ont dit ok directement. C’est tellement rare qu’on nous donne aussi vite de bonnes conditions.

Bruno Meyere : On nous a quand même expliqué que c’était un projet très attendu, il y avait une pression pour faire les choses bien mais il y avait vraiment encore une fois un suivi comme rarement on le voit dans le jeu vidéo. Si les gens apprécient la VF c’est vraiment super gratifiant pour nous, mais il faut préciser que ça ne se passe pas toujours comme ça dans le jeu vidéo, il y a eu pour FFXV une vraie implication.

Finaland : Quel a été votre degré de liberté dans ce projet ?

Bruno Meyere : C’est assez large comme question, mais nous avons eu une grande liberté dans le sens où on a mis en avant des choix personnels, notamment pour proposer des comédiens. Ils nous ont laissé donner notre avis sur les comédiens et au final les choix finaux nous ont tous soulagés.

Olivier Daubry : D’ailleurs pour l’anecdote, Arnaud Léonard est venu deux fois en casting. La première fois on avait les références américaines, qui étaient assez exagérées.

Arnaud Léonard : C’était un peu surjoué quand même, oui.

Olivier Daubry : Y’avait un aspect un peu cartoon, voir serpent, donc Arnaud a fait pareil vu que c’était la référence qu’on avait mais on a trouvé ça un peu trop cartoon alors on a demandé à Arnaud de revenir faire des essais et quand il est revenu il était malade, nez complètement bouché et il a été choisi sur ces essais là (rire).

Bruno Meyere : On lui a demandé de reproduire le rhume mais même avec une pince à linge sur le nez ça ne voulait pas (rire). Plus sérieusement, sur les premiers essais on avait uniquement les voix anglaises comme référence, et même sur ces voix les choix n’étaient pas encore définitif. Noctis par exemple avait une voix super grave en anglais, pour moi ça ne collait pas du tout avec le personnage et il s’est avéré que plus tard le comédien de Noctis a allégé sa voix du coup on nous a renvoyé des extraits en japonais pour qu’on puisse mieux prendre nos décisions.

Finaland : Arnaud, préférez-vous doubler des personnages machiavéliques comme Ardyn ou loufoques comme Brook dans One Piece ?

Arnaud Léonard : Ah oui c’est vrai qu’il y avait ce personnage.

Finaland : Ça fait quelques années maintenant.

Arnaud Léonard : Ah oui, ça doit faire 5 ou 6 ans que je le fais, et on a fait un film y’a pas si longtemps. Brook pour le coup c’est assez exceptionnel parce que ce n’est pas qu’un clown. C’est très fun mais plus fatiguant à jouer, donc vu ma paresse je crois que je préfère les personnages machiavéliques. Cependant quand ces personnages entrent dans leur crise, ils deviennent encore plus fatiguant que les clowns donc c’est dur de choisir, mais je choisis quand même les méchants.

Bruno Meyere : Pour un comédien c’est toujours plus sympa de jouer un méchant.

Olivier Daubry : C’est ce que disait d’ailleurs Anatole De Bodinat, le doubleur de Noctis, il a l’habitude de jouer des vrais gentils et du coup il a beaucoup aimé le côté un peu sombre de Noctis et de pouvoir se lâcher un peu et envoyer tout péter.

Finaland : Arnaud, en tant que comédien, comment se prépare-t-on à un doublage de jeu vidéo ?

Arnaud Léonard : On ne se prépare pas (rire).

Bruno Meyere : Faut d’abord chopper une bonne crève, pour bien réussir sa séance (rire).

Arnaud Léonard : Non en vrai on se documente beaucoup sur le projet, surtout que je ne connais rien aux jeux vidéos. Après c’est important d’avoir une bonne équipe, du contenu tel que des vidéos du jeu etc. et un directeur artistique qui va donner les directions et pouvoir décoder les éléments en amont.

Olivier Daubry : Oui, parce que les comédiens ne connaissent pas forcément l’avant ou l’après de l’histoire, car on enregistre pas forcément dans l’ordre chronologique donc ils se retrouvent plongés dans une histoire sans forcément savoir ce qui s’est passé précédemment. Donc c’est le but du directeur artistique d’expliquer le contexte et c’est aussi pour ça qu’il y a beaucoup de comédiens de théâtre dans le jeu vidéo car on leur demande beaucoup d’imaginaire. On a besoin de gens qui ont l’oreille pour récupérer l’information dans l’audio de référence et ensuite de restituer ça dans notre langue. Il y a d’ailleurs des comédiens très bons pour doubler des séries ou films avec l’image qui lorsqu’ils arrivent dans un jeu vidéo, dans une pièce noire avec juste le texte, n’y arrivent pas ou ne comprennent pas.

Bruno Meyere : Il y a deux types de comédiens dans le jeu vidéo. Il y a ceux qui ont besoin de beaucoup de contextes, d’informations, mais parfois on n’est pas capable de les fournir, on a juste des phrases donc parfois il y a quelques approximations. Mais là sur FFXV on a toujours eu une description du contexte très détaillée chapitre par chapitre. Moi qui suis fan de Final Fantasy c’était d’ailleurs le point négatif car ça m’a spoilé à mort (rire).

Olivier Daubry : Mais ça comme on a dit c’est grâce au travail de Laurent, il est au Japon depuis maintenant 15 ans, il a d’ailleurs traduit Final Fantasy X et il m’a raconté qu’il en chialait en traduisant le script (rire). Bref il a du vécu, il nous a suivi continuellement et vu qu’il est en contact avec les développeurs il ajoutait beaucoup de didascalies pour expliquer chaque contexte.

Finaland : Qui a décidé de la prononciation du mot Gils ?

Olivier Daubry : Ça a été imposé, il n’y a pas eu de doute. Mais par contre Ardyn se prononçait au début « Ardene » mais culturellement en France c’était un peu bizarre et pas forcément logique. On en a parlé avec le service marketing français de Square Enix qui l’a remonté au Japon.

Arnaud Léonard : On l’a échappé belle, on a évité la bataille des Ardennes. D’ailleurs pour en revenir à One Piece, au début du casting Brook se prononçait « Brauke » mais ça a duré une journée.

Finaland : Au début du jeu Ardyn fredonne le thème des chocobos, est-ce que ce passage était présent dans la version originale ou est-ce une liberté que vous vous êtes permise ?

Olivier Daubry : C’était aussi dans la VO. Il n’y a qu’une seule chose où on a pris une liberté c’est avec Prompto dans les escaliers lorsqu’il chante quelque chose du genre « des marches à tout va j’en ai ras le baba ». Ça n’avait rien à voir avec Final Fantasy, mais toutes les reprises du thème des chocobos sont déjà dans la version originale.

Arnaud Léonard : En général quand je fredonne un truc, je fredonne exactement ce que j’entends.

Olivier Daubry : Arnaud est aussi chanteur et a une immense culture musicale.

Finaland : Oui, il a même participé à Oliver Twist.

Arnaud Léonard : D’ailleurs à la sortie de Oliver Twist il y a des gens qui m’attendaient avec des jeux FFXV pour que je leur signe. Je ne sais pas s’ils ont aimé la comédie musicale mais ils ont adoré le jeu (rire).

Finaland : Le prochain message des fans est un remerciement pour vous Arnaud. Votre prestation a été magistrale, le jeu est ce qu’il est mais vous avez pris votre rôle très au sérieux ce qui est rare dans les VF de jeux vidéos à l’heure actuelle.

Arnaud Léonard : Eh bien merci beaucoup pour cette appréciation.

Bruno Meyere : Tu as réussi à faire passer l’illusion que tu étais impliqué, un vrai comédien (rire).

Arnaud Léonard : Mais toute l’équipe était très impliquée.

Finaland : Votre travail sur Ardyn a ébloui pas mal de joueurs, vraiment.

Arnaud Léonard : C’est très gentil, alors continuons ! Il y a une suite prévue ?

Olivier Daubry : On ne sait pas si Ardyn va revenir mais on a reçu du nouveau contenu, il y a notamment le mode multijoueurs et on a des enregistrements prévus jusqu’à la fin d’année.

Finaland : Justement, est-ce que vous avez été contacté pour rejouer Ardyn prochainement ?

Arnaud Léonard : Pas encore, non.

Finaland : Pour nos fans qui aimeraient faire le métier de comédien de doublage, est-ce que le secteur n’est pas bouché ?

Bruno Meyere : Ce n’est jamais bouché comme secteur, la comédie ça va et ça vient. Il y en qui arrêtent rapidement, d’autres qui persévèrent mais en tout cas personne n’est éternel et le métier se renouvelle sans cesse. Mais on ne commence pas par le doublage, on commence par la comédie, se lancer spécifiquement dans le doublage c’est méconnaître tout le travail de comédien. Le doublage c’est une discipline dans le métier de comédien et la tendance actuelle est à la variété, un peu à l’Américaine, d’ailleurs Arnaud sait aussi chanter et danser.

Finaland : Au Japon par exemple ils ont une vraie culture du doublage.

Bruno Meyere : Alors oui, le métier est très compartimenté là-bas, je suis bien placé car je les ai vu travailler et ils ont une façon de doubler, un peu à l’allemande, qui fait que ça sort de l’image. Pour eux que ce soit un doublage live ou de dessin animé c’est la même chose, c’est très surjoué et surmixé et ça marche très bien sur les dessins animés. C’est leur manière de faire et culturellement ça leur va, il y a des codes différents à chaque culture. Mais je trouve personnellement que ce qui fonctionne très bien en dessin animé ne fonctionne pas aussi bien sur une série live.

Oliver Daubry : Comme dans tous les secteurs artistiques, ce n’est pas bouché. Je pense par exemple à une comédienne qu’on a eu récemment qui n’avait jamais travaillé dans le doublage et pourtant on la voit partout en ce moment, donc c’est possible. Globalement il y a beaucoup de demande et un gros niveau d’exigence car on n’a pas de temps, donc quelqu’un qui débute aura plus de mal à trouver sa place, c’est ce qui fait qu’on voit souvent les mêmes comédiens. Enormément de demande pour peu de place, comme dans tous métiers artistiques finalement.

Bruno Meyere : Les comédiens qui sont là depuis 30-40 ans nous racontent qu’à leur époque ils étaient bien plus limités techniquement, aujourd’hui tout est numérique, mais ils avaient beaucoup plus de temps pour travailler. Nous on est dans une époque où on doit réagir instantanément, on a plus le temps d’expliquer. Quand j’ai débuté on pouvait assister aux sessions d’autres comédiens, aujourd’hui les clients demande une grande confidentialité pour éviter les fuites donc on ne peut plus laisser entrer les gens pour leur apprendre et on nous demande d’aller très vite.

Olivier Daubry : Quand j’entends qu’à l’époque les enregistrements s’envoyaient par La Poste sur des CD ou autre je n’arrive même pas à le concevoir car aujourd’hui on reçoit du travail qu’on doit renvoyer le soir même ou le lendemain ce qui était inimaginable il y a 30 ans. Avant ils avaient le temps de se préparer, aujourd’hui on peut nous demander une urgence même en pleine nuit. 

Finaland : Parlons un peu de Final Fantasy XV, quel a été votre personnage préféré dans le jeu ?

Olivier Daubry : Noctis car c’est le héros quand même. Mais Cid aussi, parce que le comédien qui l’a doublé a exactement la même personnalité que le personnage (rire).

Bruno Meyere : Pour mon cas, j’ai de l’affection pour chacun des personnages c’est compliqué. J’ai une petite préférence pour Cindy, elle est fraîche, naturelle… Bon on va me dire qu’elle est pulpeuse mais elle soutient ce qu’elle avance (rire) et je la trouve pimpante et pas cruche comme on en voit souvent dans les mangas. Edwige Lemoine l’a doublée avec un vrai naturel, elle fait partie de ces gens à qui on n’a pas besoin d’expliquer grand-chose et qui est très intelligente.

Arnaud Léonard : Ben moi j’en connais qu’un donc…  (rire)

Finaland : Vraiment qu’un seul ? Vous ne vous êtes pas intéressé aux autres pour mieux comprendre l’intrigue ?

Arnaud Léonard : Sur le moment si, mais j’oublie très vite, un vrai poisson rouge.

Bruno Meyere : Et puis chaque comédien enregistre individuellement. On lui explique avec qui il interagit et le contexte mais le comédien devine les personnages aux alentours.

Finaland : On avait d’ailleurs une question à ce propos, si vous aviez enregistré avec un autre comédien ?

Arnaud Léonard : Non, en jeux vidéo c’est toujours seul qu’on enregistre.
Olivier Daubry : Par contre si on parle de nos déceptions je citerais Ravus, même si je suis content du travail qui a été fait, au final son rôle dans le jeu est vraiment décevant par rapport à sa place.

Finaland : A ce propos, est-ce que le scénario a changé durant votre travail ?

Olivier Daubry : Il y a eu énormément de scènes qu’on a enregistrées et qui n’ont pas été utilisées en fait. Ledolas, doublé par Vincent Grasse, il y avait vraiment un super truc à faire et au final il n’a même pas deux scènes. Verstael, on a enregistré deux fois et au final il a 4 répliques dans le jeu. Dave aussi qui était censé être le chef charismatique des chasseurs n’a pas été forcément bien intégré. C’est plus des déceptions par rapport au travail qu’on a accompli.

Bruno Meyere : Quand on enregistre on ne peut pas savoir qui va avoir de l’importance ou non. On a un organigramme mais on ne connait pas la place de chaque personnage, on les découvre au fur et à mesure. On envoie nos enregistrements au jour le jour, il y a validation ou non, puis parfois on nous demande d’ajouter une réplique ou autre. Laurent a fait un travail remarquable en partant de la version japonaise.

Finaland : Pourquoi ne pas avoir travaillé à partir de la version anglaise alors ?

Bruno Meyere : Si c’est vague en japonais cela sera aussi vague en anglais ou français, alors partir de l’anglais sans avoir tout le contexte sera encore plus catastrophique.

Olivier Daubry : En l’occurrence il y a aussi la question du délai de prod, car la version traduite anglaise se faisait en même temps que la française. A la base on a enregistré sur les fichiers anglais pour la synchro labiale car on n’avait pas notre propre synchro et au bout d’un mois on nous a dit d’arrêter car ils étaient trop à la bourre sur la version anglaise du coup on a dû tout recaler sur la japonaise. Pour l’anecdote, il n’y a que 3 cinématiques dans lesquelles nous nous sommes calés sur la synchro labiale anglaise et au moment de la sortie du jeu ils se sont trompés et ont mis la synchro japonaise, beaucoup de gens ont fait la remarque que dans la cinématique d’introduction il y avait un décalage.

Bruno Meyere : Une traduction c’est aussi adapter le texte à la langue et Laurent a su nous mettre le bon volume de travail pour que ça colle en VF vu qu’il est bilingue.

Finaland : Arnaud, est-ce qu’il y a un moment dans les scènes de Ardyn qui t’as marqué plus que d’autres ? Et est-ce que tu t’es inspiré ailleurs pour jouer Ardyn ?

Arnaud Léonard : Le moment particulier c’est un peu son leit motiv, c’est sa relation avec le joueur en particulier. C’est qu’il y aura toujours un mépris absolu de la personne à laquelle il s’adresse, et surtout au joueur. Mais pour l’inspiration, évidemment on se sert des mythes qui ont traversé le monde et de tous les personnages fourbes du théâtre antique à aujourd’hui. Prenons par exemple Richard 3 de Shakespeare, qui va s’extraire de la pièce pour s’adresser au public ou encore Kevin Spacey dans House of Cards qui se détache de l’action pour parler à la caméra. C’est aussi et surtout pour ça que les méchants sont si passionnants. 

Finaland : Message qui n’a rien à voir, mais on a beaucoup de gens qui veulent clamer leur amour pour Pegasus de Yu-Gi-Oh.

Arnaud Léonard : Ça fait très longtemps (rire). Pegasus ça a été un des premiers personnages immonde que j’ai pu doubler. Il était riche et pourri gâté il n’avait pas forcément de position à clamer, il était juste né comme ça et évidemment Yu-Gi arrive et il est meilleur que lui donc il devient mauvais.

Finaland : Du coup vous avez ressenti quoi quand Yu-Gi a réussi à vous contrer dans un duel ?

Arnaud Léonard : J’ai mis un coup de poing au doubleur qui était avec moi (rire).

Finaland : Olivier, il y a un doubleur avec qui vous aimeriez travailler ? 

Olivier Daubry : J’ai eu la chance de travailler avec toutes les personnes que j’admire. Il y a Philippe Peythieu, qui double Homer Simpson, avec qui j’adorerais travailler, mais pas sûr qu’il aurait sa place dans FFXV (rire).

Bruno Meyere : Après je l’ai déjà vu jouer beaucoup de choses et on ne le reconnaît presque pas, il se glisse dans plein de personnages variés.

Finaland : Et est-ce que vous trouvez que le métier a évolué depuis 10 ans ?

Olivier Daubry : Par rapport au début des années 2000, je ne travaillais pas encore à ce moment-là, mais ça a beaucoup évolué. La considération du travail a changé, le jeu vidéo de l’époque était plus cartoon, les comédiens sont d’ailleurs surpris que ça soit aussi sérieux. Mais par contre au niveau des conditions de travail je pense qu’on ne va pas dans la bonne direction. Les gens pensent qu’on va pouvoir travailler par rapport à l’image comme dans le cinéma, mais vu les délais c’est très difficile. Par rapport à la technologie, ils développent des logiciels qui calent les lèvres sur les voix donc ce sera bientôt plus facile.

Finaland : Dernière question pour Bruno. Après avoir participé à d’immenses licences comme One Piece, Tortues Ninja etc. qu’est-ce que ça fait de vous trouver à la tête de Final Fantasy ? Et sur quelle autre licence vous aimeriez travailler ?

Bruno Meyere : J’étais très ému. On me l’a appris le jour de Noël, j’avais fourni un CV en japonais un mois avant, j’étais vraiment heureux. Sinon, je suis très fan de Castlevania donc si un jour il y a une possibilité je suis totalement preneur. 

Finaland : Merci à vous trois d’avoir participé à cette interview, on avait encore beaucoup de questions mais pas assez de temps pour toutes les poser ! Bon courage pour la suite et à bientôt.


Merci encore à Arnaud Léonard, Bruno Meyere et Olivier Daubry pour leur participation et leur gentillesse. Merci au YouTube Space de Paris pour nous avoir permis cette rencontre.

Interview réalisée et montée par Mr.Cloud pour Finaland et Game Cross Movie.

Les commentaires

  • Commentaire par matCloud51 le 07.09.2017 à 19h37

    Effectivement je me suis trompé !!! Merci pour cette rectification

  • Commentaire par Arsenou-kun le 07.09.2017 à 19h36

    C'est Arnaud Léonard qui double Ardyn :p

  • Commentaire par matCloud51 le 07.09.2017 à 15h19

    Cette interview était très bien. Bruno meyere alias Ardyn m'a bien fait rire.

  • Commentaire par Noctis le 07.09.2017 à 15h16

    À regarder !

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