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Kingdom Hearts III

Kingdom Hearts 3

Nous l’attendions depuis l’énigmatique fin de Kingdom Hearts II Final Mix pour certains ou certaines, depuis les dernières mises à jour de Kingdom Hearts X Union Cross pour d’autres… Le voici, le tant attendu dernier pan de la trilogie de Xehanort. Il n’était pas chose facile d’apporter une conclusion à la tentaculaire histoire de la première « trilogie » et sa ramification scénaristique si singulière. Annoncé à l’E3 de 2013, en même temps que Final Fantasy XV, le jeu n’avait pas fini de se faire attendre. La série, jalonnée par ses nombreux et pourtant relativement indispensables spin-offs, n’a cessé de placer au fil de ses jeux les pions des acteurs et actrices de la lutte entre Lumière et Ténèbres sur l’échiquier d’Eraqus et de Xehanort. La lune de Kingdom Hearts est bientôt pleine, et le dénouement final approche, que le combat commence !

Les mathématiques simples de Kingdom Hearts

Avant toute chose, il convient d’établir la place de Kingdom Hearts III dans sa propre série. Désormais coutumiers des mathématiques spectaculaires imposées à la série depuis la parution des « spin-offs » à la trame principale, Kingdom Hearts III n’est en fait que la somme de l’ensemble de ses compilations. Autrement dit, de manière plus imagée, Kingdom Hearts III est la somme des compilations 1.5, 2.5 et 2.8. A la question « puis-je jouer à Kingdom Hearts III en n’ayant joué qu’aux deux premiers ? », question compréhensible si nous la considérons dans la logique des spin-offs et des opus numérotés… Notre réponse serait donc en demi-teinte. Si le jeu n’hésite pas à vous proposer très rapidement quelques références à des événements antérieurs, celles-ci n’interviennent presque que comme des remises en lumière des leçons d’apprentissage acquises par le passé.

Dans l’ensemble, la trame du jeu est relativement linéaire et simple, et peut être aisément comprise dans sa globalité, toutefois, il sera évident qu’une approche fragmentaire du jeu vous fera passer à côté de détails, de personnages qui vous seront simplement inconnus, ou encore de détours scénaristiques, qu’il vous sera quasi impossible à assimiler directement. Aucun épisode n’est laissé de côté, même le jeu en cours Kingdom Hearts x parvient à trouver une place assez récurrente dans le jeu et s’inscrire dans sa mythologie autant que dans sa ramification. Si vous hésitez encore à vous y mettre, nous vous recommandons au moins idéalement d’avoir joué à Kingdom Hearts Birth by Sleep et Dream Drop Distance, ce dernier étant l’opus se déroulant quelques heures avant Kingdom Hearts III.

It’s (not) a small world after all ?

Ce qui convainc dès les premières minutes de jeu repose dans la mise en scène des mondes Disney ; chaque monde possède une approche différente de son scénario, de son univers, et des différentes mécaniques qui s’offrent à vous. Ces microcosmes colorés regorgent de petits détails, qui offrent de la saveur aux mondes parcourus, donnant l’impression d’une découverte progressive et jamais similaire. Les villes, notamment, acquièrent un souffle de vie souvent absent des anciens opus. A l’exception peut-être d’Arendelle (monde de la Reine des Neiges), grand et magnifique, mais seul monde Disney assez peu généreux en contenu « bonus » au film, suivant à la lettre ou presque le déroulement de ce dernier. A l’inverse, le monde de Pirates des Caraïbes est gigantesque, et vous permet d’appréhender différentes approches de gameplay : les batailles navales très nerveuses, à la chasse aux trésors sous-marine, à l’inévitable pêche aux crabes blancs à Port Royal ; l’on s’y sent ainsi vraiment intégré dans le déroulement cinématique de l’univers, tout en ayant la possibilité d’y prendre part, et de découvrir l’univers plus amplement. De cette même manière, le détachement à la trame du film des Nouveaux Héros, permet de déployer une nouvelle dynamique de jeu laissant libre court à la découverte de la ville ou encore à la réalisation de certains défis.

Si ces niveaux se présentent a priori comme des mondes à traverser en one-shot, dans le but d’adhérer à la narration des personnages Disney, certains de ces niveaux sont plus généreux, plus vivants que d’autres. Une fois parcourus, que ce soit dans votre quête des fameux emblèmes de Mickey, ou juste dans la volonté d’y déambuler, quelques-uns de ces mondes vous proposeront des objectifs supplémentaires si vous y retournez ; n’y voyez pas là une extension grandiloquente de jeu, mais quelques minutes de sursis pour vous permettre de profiter davantage des personnages et de leur univers respectif.

Concernant les phases en Gummi, bonne nouvelle, ces dernières parviennent enfin à devenir sympathiques ! Vous proposant de l’exploration, mais aussi un plus grand seuil de personnalisation, il vous est possible de vous balader, de vous confronter à des boss facultatifs… ou tout simplement, de filer droit sur vos objectifs scénaristiques !

Le rendu graphique est extrêmement convaincant, notamment lors des vidéos CGI intégrées au scénario. Le jeu de textures de chaque univers participe à créer des visuels uniques, d’un monde à un autre, du plastique des figurines de Toy Story, aux visages photoréalistes de Pirates des Caraïbes ou encore l’habituel trait pastel cell-shading du monde de Winnie l’Ourson.

Entre parade féérique et spectacle pyrotechnique

Le moins que l’on puisse affirmer de Kingdom Hearts III, est que les combats sont une véritable festivité ! Attractions lumineuses, combos variés et liens indéfectibles sont au rendez-vous pour transformer chacune de vos rixes en feu d'artifice ! Nous retrouvons les combos habituels, propres à chaque keyblade. Si les keyblades sont moins nombreuses que dans son prédécesseur numéroté, c’est surtout car chacune d’elles possède son kit de compétences et de combos, avec ses propres attaques finales, pouvant évoluer selon les niveaux de craft effectué sur chaque keyblade.

Vous pourrez retrouver certaines mécaniques des opus précédents : de la « Fluidité » présentée dans Kingdom Hearts Dream Drop Distance, qui vous permet de vous agripper à des poteaux, vous propulser depuis les murs et de fondre sur les ennemis avec fracas, au « Tir Visé » de Kingdom Hearts Birth by Sleep. Afin de vous proposer de nouvelles manières d’appréhender le combat, vous aurez aussi la possibilité de marcher sur les murs, ou encore d’utiliser le « Mode Agilité », une mécanique permettant de vous téléporter instantanément sur une saillance de décor, ou sur un ennemi et d’enchaîner un coup, à la manière de « l’Attaque Eclipse » de Final Fantasy XV.

L’une des autres grandes nouveautés du jeu est de proposer, en plus des liens invitant certains des nouveaux protagonistes des derniers films Disney, des attractions directement tirées des parcs Disneyland. Vous avez toujours rêvé d’achever un sans-cœur avec les tasses tournantes ? C’est l’occasion ou jamais ! Ces attaques interviennent comme des mini-jeux qui prennent place au sein de votre champ de bataille ; jeu de rythme, jeu de tir… Il s’agit d’une toute nouvelle manière de combattre, ou de vous extirper de situations difficiles…

Des situations difficiles, parlons-en ! L’un des plus grands soucis dont souffre le jeu est son manque de difficulté. Le jeu, à l’heure actuelle, ne possède que 3 modes de difficulté, où même le mode de difficulté accrue ne propose qu’assez peu de challenge, et l’on se retrouve assez rarement en grande position de difficulté, si ce n’est auprès de certains boss. Il est difficile d’identifier la distincte raison derrière ce manque de courbe de progression, d’enjeux et de risque ; les très nombreuses possibilités d’approche de combat, l’amélioration de l’IA de Donald et Dingo (eh oui, Donald soigne enfin !), les keyblades toutes plus fortes les unes que les autres ?

Le souci est que dès les premières minutes puis heures de jeu, il vous est possible d’accéder à l’intégralité des attractions Disney, qui interviennent de manière presque systématique à chaque affrontement ; les techniques spéciales des keyblades apparaissent également très vite, sans parler des compétences de super magie et des attaques de groupe ! Vous voici à peine engagé dans un combat que le jeu vous propose déjà de faire évoluer la forme de votre keyblade, d’invoquer le bateau pirate, ou de faire une super attaque avec Dingo. Et si jamais tout cela ne suffisait pas, il vous est encore possible d’invoquer les liens, vos puissants alliés Disney, ou de passer en forme rage, ce qui vous rendra l’intégralité de votre vie et vous rendra plus rapide. Tout cela aurait pu être pertinent si les affrontements étaient difficiles, mais il n’en est rien. Les ennemis attaquent en quantité, sans forcément créer des affrontements stratégiques ; rendant presque totalement caduque l’action de garde, si utile dans les plus périlleux combats des opus précédents.

Sans pour autant être indispensables devant le manque d’adversité, les nombreuses possibilités et animations de combat deviennent assez vite fatigantes si l’on prend l’habitude de les utiliser dès leur apparition ; il faut redoubler de force, et laisser défiler le compteur de chaque compétence, pour ne pas casser le cours de chaque combat avec une animation de quelques secondes vous hissant hors de vos combos. Il en est d’autant plus dommage que ces animations donnent un cachet visuel unique, quant aux attractions très lumineuses, ou aux effets spéciaux des keyblades et participent au spectaculaire de chaque combat… qui finit tristement par se banaliser.

Au Cœur des ténèbres et de la lumière

Comme nous l’avons dit quelques lignes plus tôt, le scénario, dans ses grandes lignes n’est pas forcément très compliqué à saisir ; d’autant plus si l’on jouit d’une connaissance de tous les jeux. Il faut avant tout bien souligner que l’objectif du scénario est d’apporter une conclusion à la trilogie (et ses opus satellites), autrement dit de l’histoire de Xehanort. La teneur du scénario est à l’appréciation de chacun et chacune. Toutefois, si nous pouvons affirmer que le jeu tente d’apporter des éléments de réponses, il dissémine au moins tout autant de nouvelles amorces et d'indices. Tandis que l’intrigue principale trouve une conclusion assez claire, le jeu dissémine de nouvelles graines scénaristiques ; parfois de manière discrète… parfois de manière beaucoup moins subtile. Il peut être ainsi frustrant de voir certains mystères (propres à la série) demeurer sans réponse lorsque de nouveaux questionnements sont créés auprès du joueur.

Cette impression se retrouve corroborée par la dynamique narrative du jeu, qui n’est pas sans nous rappeler le système de narration portable de Kingdom Hearts Dream Drop Distance paru en 2012. Alors que chaque monde Disney bénéficie de son propre mini-scénario, rythmé par les implications de notre trio légendaire (et de leur habituels détracteurs), nous avons vite l’impression de constater une opacité entre les deux concepts du jeu qui en sont pourtant son essence : un côté Disney, un côté Kingdom Hearts. Cette opacité empêche la plasticité et l’interpénétration de ces deux aspects, rendant étranges certains apports de l’Organisation XIII dans les mondes Disney, par exemple. Cela devient d’autant plus visible que s’installe une routine narrative : un antagoniste différent pour chaque monde apparaît, délivre quelques sibyllines paroles, puis repart. Puis, une fois les mondes de Disney explorés, l’histoire peut enfin commencer, pour quelques heures en ligne droite de scénario et de révélations. C’est une dichotomie un peu regrettable car malgré le fait que ces révélations soient globalement très marquantes, nous aurions aimé que ces dernières soient mieux diluées dans l’ensemble du mélange narratif, afin de mesurer leur impact, les digérer et intégrer leurs enjeux. Enjeux qui manquent cruellement à la première partie de l’œuvre.

Par ailleurs, si un effort est produit pour nous dévoiler certains points de vue extérieurs à celui de Sora, ces passages demeurent assez courts, et eux-mêmes dénués d’enjeux, ne donnant pas l’impression d’apprendre de nouvelles choses.

Cependant, autant chaque arrivée des « méchants » de l’Organisation XIII dans les mondes Disney nous semble éminemment passée de mode, autant il est parfois plaisant d’assister à l’appropriation faite par certains personnages Disney eu égard aux antagonistes, appuyant sur le décalage entre les deux univers.

Malgré ces petits points négatifs, il en reste que l’éminente partie finale du jeu demeure très marquante, en proposant de nombreuses révélations, mais également des scènes à la courtoisie des plus connaisseurs, jonglant avec une certaine habileté entre fan service mesuré, et un rythme de narration plus soutenu et riche. Tout en n’oubliant pas des combats très spectaculaires, aux mécaniques parfois étonnantes.

« Puisse ton cœur être la clé (de sol) qui te guide »

Quid de l’identité musicale, si prégnante depuis les emblématiques "Dearly Beloved", "Musique pour la Tristesse de Xion" ou encore "Rage Awakened", vous demandez-vous alors ? Fors les musiques propres aux nouveaux mondes Disney, il convient d’affirmer que la bande-son de Kingdom Hearts III possède assez peu de mélodies qui ne vous paraîtront pas au moins familières, un peu comme le goût laissé par ces fameuses glaces à l’eau de mer. Corroborant son statut de conclusion à la trilogie, Yoko Shimomura, accompagnée de Tsuyoshi Sekito et de Takeharu Ishimoto (dont on reconnaît sans mal la touche si caractéristique), proposent des reprises exclusives de thèmes emblématiques. Sans trop vous en dire, ces musiques dépassent la simple réorchestration dans tout ce que ces mélodies peuvent proposer ; et les mélopées n’en deviennent pas pour autant répétitives ! Ajout de chœur, changement de rythme ou de gamme ; certaines musiques « thèmes » deviennent ainsi propices à des musiques de combats épiques et mélancoliques, que l’on reconnaît si bien à la série.

Nous pouvons également souligner le soin de la corrélation entre la musique et certaines cinématiques, où la partition semble avoir été pensée de pair avec son image.

La persistance du Reconnect

Une fois le générique défilant, scellant la fin de la première trilogie de Kingdom Hearts, qu’en reste-t-il ? Nous l’avons dit, si le jeu ne répond pas à toutes les questions posées au fil de la série, c’est aussi qu’il propose de nouveaux chemins de réflexion pour de possibles prochaines aventures. Au-delà de la sphère scénaristique, le jeu possède un contenu d’après-jeu très minime, voire quasi inexistant. Il vous est évidemment possible de récolter les emblèmes de Mickey éparpillés dans les différents mondes afin de quérir la fin secrète, de monter niveau 99, exécuter toutes les recettes de Remy de Ratatouille, ou encore "crafter" toutes les keyblades au niveau maximum. Toutefois, ces démarches trouvent assez peu d’intérêt pour le moment, étant donné le manque de difficulté global du jeu, mais aussi l’absence de boss secrets (outre les défis proposés, vous permettant de débloquer les rapports secrets). Si le contenu endgame est pour le moment relativement pauvre, il laisse aussi présager la possible imminente arrivée de DLC pour enrichir l’expérience du jeu, notamment par l’implémentation d’un mode Final Mix et son mode critique… Du moins, c’est ce que l’on espère !

Conclusion

Kingdom Hearts III est un jeu qui se veut très généreux, voire un petit trop dans la profusion de tout ce qu’il veut nous offrir une fois la manette enfin en main, sans trouver de confiseries supplémentaires pour satisfaire notre faim progressive au fil des heures de jeu. Il ne se contente pas seulement de proposer de nouvelles mécaniques, mais rend un grand hommage à ses prédécesseurs, que cela concerne la musique, les mécaniques de jeu déjà connues et enrichies, récompensant également les fans par de nombreuses références scénaristiques.

Si nous ressentons dans cet opus en particulier un effet persistant de « greffe » entre les mondes de Disney et celui de Kingdom Hearts, cela n’empêche pas au jeu de conserver toujours une originalité propre à la série, et un décalage plaisant de tonalité entre les enjeux de chaque univers.

Pour celles et ceux qui se sont investis dans la série depuis ses balbutiements, le dernier épisode de cette première trilogie donne à voir un final épique et marquant, mais qui ne laisse pas sans questionnements laissés en suspens, comme préparant un terreau pour de nouveaux jeux. Que ceux qui craignaient les mélancoliques au revoir avec la mythique série se rassurent ! Ces adieux pourront bien attendre d’autres opus, toujours en compagnie de notre chère tête brune à piques.

Dates de sortie PS4
Japon 25 janvier 2019
États-Unis 29 janvier 2019
France 29 janvier 2019
Dates de sortie XBox One
Japon 25 janvier 2019
États-Unis 29 janvier 2019
France 29 janvier 2019

Les commentaires

  • commentaire par Arsenou-kun le 01.03.2019 à 13h25

    Globalement très d'accord avec l'avis de Tizona !

    Le jeu est très (trop) spectaculaire, c'est donc un plaisir jouissif à jouer mais cela rend les combats trop facile  J'ai fait que un game over dans le jeu alors que j'en faisais quasiment un par boss dans KH1 ahah

    Le jeu est superbe et la fin marquante mais la manière de raconter l'histoire est vraiment décevante. Le jeu est coupé en deux et toutes les révélations s'enchaînent à la fin alors que la narration aurait gagné à avoir des révélations distillés au fil de l'aventure. 

    KH3 termine cette "trilogie" mais c'est loin de finir l'histoire des porteurs de keyblade et je sens que les prochains chapitres vont être savoureux Emote OK 

    Merci Tizona pour cet article très bien écrit ! 

     

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