Vous êtes ici : AccueilJeux Square EnixBalan Wonderworld

Balan Wonderworld

Balan Wonderworld

Pré en bulle

Avant de commencer ce test, il convient d’en préciser les contours. Pour quiconque ayant joué pendant plus de deux minutes au jeu, il est évident que Balan Wonderworld a été conçu pour des enfants. Partant de ce postulat, j’ai donc testé le jeu avec ma propre fille de 8 ans, que l’on appellera Pampinette à partir de maintenant, et nous avons discuté ensemble de notre ressenti. Il me semblait que cela serait des plus intéressants d’offrir le point de vue d’une des personnes du cœur de cible. Ceci étant précisé, il est temps de découvrir le monde de Balan !

Venez découvrir la Balan Company !

Balan Wonderworld est le tout premier projet de l’initiative Balan Company. Tout le projet s’articule autour du mystérieux personnage de Balan, une sorte de génie en costume trois pièces blanc et haut-de-forme. Ce dernier est propriétaire d’une compagnie de théatre où il nous invite à vivre de folles aventures.

Derrière ce projet haut en couleur se trouvent des noms célèbres pour le moins étonnant. Deux membres fondateurs de la Sonic Team : Yuji Naka lui-même et Naoto Ohshima. À la bande son, nous retrouvons un habitué de Square Enix, Ryo Yamazaki. Pas très connu des joueurs, il est tout de même l’arrangeur de jeux tels que la trilogie Final Fantasy XIII, Mobius Final Fantasy ou Final Fantasy Crystal Chronicles: The Crystal Bearers.

Plein de petites histoires

Bienvenue dans le théâtre de Balan. Un endroit magique où Balan fait… des choses que le jeu n’explique pas lui-même. Nous incarnons, au choix, Léo ou Emma. Ces deux enfants sont en pleine période de doute lorsqu’ils tombent sur l’établissement de Balan. Après un show digne du génie d’Aladdin, il les envoie dans un monde magique sans plus d’explications. Léo et Emma doivent donc voyager à travers plusieurs mondes afin d’en libérer les cœurs. Une fois cela fait, une première cinématique se déclenche. Celle-ci nous explique alors les doutes qui ont envahi le cœur de la personne responsable de ce monde. Ensuite nous affrontons un boss et une seconde cinématique se déclenche pour nous donner un dénouement heureux.

Pourtant, le jeu est totalement pingre en informations, quelles qu’elles soient. Aucun contexte ne nous est donné. Pourquoi nous ? Où sommes-nous ? Pourquoi libérer ces cœurs ? Qui sont ces monstres qui pullulent dans ces mondes ? Que sont les Tims ? Qui est Balan ? Qui est Lance ? Aucune de ces informations ne sera jamais fournie. Si Pampinette arrive à comprendre rapidement les histoires de chaque monde, grâce aux cinématiques uniquement, elle n’a malheureusement pas compris le but de ce voyage. En revanche elle adore s’occuper des Tims, sorte de mascottes du jeu, les faire grandir et jouer avec. Le capital mignonnerie n’est jamais un facteur à négliger !

Et si cela ne concernait que le scénario et le contexte du jeu, cela pourrait éventuellement passer. Mais malheureusement pour nous, c’est également la même chose pour le gameplay. Aucun tutoriel n’est présent dans le jeu SAUF quand nous revêtons pour la première fois un costume inédit. Impossible de savoir à quoi sert la tour des Tims que nous construisons sur leur île. Pourquoi ces créatures à mi-chemin entre le poussin et le lapin ont-ils différentes couleurs et nous suivent dans les niveaux ? Pourquoi les nourrir avec des gemmes ? Comment deviner que rester passif pendant dix longues secondes sur un checkpoint permet d’ouvrir la garde-robe et de changer de costume au beau milieu d’un niveau ? Bref, Balan n’est décidément pas décidé à nous faciliter la vie.

Un jeu totalement fou

Pour libérer les cœurs dans ces mondes, il faut parcourir deux niveaux et vaincre le boss. Chaque niveau possède ses propres costumes qui servent à franchir divers obstacles. Jusque-là, tout est simple et semble être une bonne idée dans la théorie. Dans la pratique… on en est assez loin malheureusement. Chaque costume se voit attribuer une particularité : sauter, nager, tirer, exploser, détruire, sprinter, etc. Seulement, cette action sera unique. Si votre costume vous permet de sauter, il ne sera pas possible de grimper. Si vous voulez tirer, vous ne pourrez pas sauter ; si vous voulez grimper, vous ne pourrez pas nager. Et ainsi de suite. Il est quand même assez aberrant de constater que dans un jeu de plateforme, la possibilité de sauter n’est pas une constante du gameplay. Et puis conséquence logique de n’avoir qu’une action à effectuer à la fois, toutes les touches servent à la même chose. Oui oui, vous avez bien lu. Les quatre touches d'action ainsi que les deux gâchettes ont, toutes, la même fonction. Et bien sûr, cette bizarrerie est également valable dans les menus, ce qui est extrêmement perturbant.

Comme si ces restrictions de gameplay n’étaient pas suffisantes, le level design se permet d’en rajouter une couche. Quand certains niveaux n’ont pas la lubie étrange de se dérouler devant nos pieds et de s’enrouler quand on recule, c’est carrément la caméra qui n’en fait qu’à sa tête. Autant dire que dans un jeu de ce genre, ce n’est pas forcément amusant de devoir lutter avec la caméra pour savoir ce qu’il faut faire. À cela s’ajoute évidemment un cheminement pas toujours évident et un manque d’indices visuels pour nous dire quoi faire. Combien de fois Pampinette est venue me voir pour me dire qu’elle ne comprenait rien à ce qu’il fallait faire pour avancer, ou que le gameplay était suffisamment imprécis pour qu’elle n’y arrive pas ? Cela fonctionne aussi pour les boss. Aucune indication claire n’est donnée pour les affronter.

Mais le but d’un jeu, c’est avant tout de s’amuser, non ? Alors pourquoi ne pas proposer une expérience en coopération ? Ce qui serait une très bonne idée pour jouer en famille, pour aider et accompagner ses enfants, si l'exécution n’avait pas été aussi bâclée. À ce niveau-là, ce n’est plus de la maladresse mais du bricolage. Pour faire court, le joueur 2 ne sert à rien. Pour faire plus long, la caméra se concentre uniquement sur le joueur 1, ignorant totalement le second. Le joueur 2 peut totalement disparaître de l’écran pendant plusieurs minutes avant d’être téléporté au milieu de l’écran. Et ça, c’est dans l’hypothèse où le joueur 2 peut jouer. Dans plusieurs situations, le joueur 2 peut simplement poser la manette. Par exemple, lorsque les avatars des joueurs 1 et 2 sont trop proches, ils se collent. Et les deux joueurs ont simultanément le contrôle de cet amalgame. Un autre exemple ? Le joueur 2 n’a pas accès à certains costumes qui sont obligatoires pour la progression dans les niveaux. Tout dépend entièrement du joueur 1, comme si le joueur 2 n’existait pas. Et le fait de rendre les morts du joueurs 2 inutiles n’aide en rien. C’est pas pour rien que Pampinette préfère me prêter la manette quand elle n’y arrive pas plutôt que de jouer en co-op.

Un cabaret haut en couleur

Mais alors, est-ce que tout est à jeter dans ce jeu ? Heureusement pour nous, ce n’est pas le cas. Tout ce qui touche à la direction artistique est plutôt de très bonne facture. Chacun des mondes est très différent des autres. Tous s’inspirent des univers dans lesquels évoluent les personnages que l’on doit sauver de la négativité qui les ronge. On peut ainsi facilement passer d’une ferme à un nid d'insectes en passant par des plaines enneigées ou des îles flottantes. Ainsi nous explorons les univers dans lesquels évoluent des personnages avant de découvrir le mal qui les accable. Et contrairement à ce que l’on pourrait penser, les thèmes abordés sont très forts. La peur d’être rejeté, le deuil, les regrets d’une vie passée, la non-reconnaissance, l’ignorance… Autant de sentiments puissants qui ne sont pourtant à peine exprimés qu’au cours d’une simple vidéo, juste avant d’affronter le boss.

L’apparition des boss change d’ailleurs drastiquement l’ambiance du jeu, aux antipodes des niveaux pleins de vie et de couleurs. Les tons deviennent plus sombres, les designs deviennent plus agressifs et la musique prend une tournure plus épique. La comparaison fera sans doute sourire, mais par moments on se rapproche assez de ce que propose Keiichi Okabe pour la série NieR. Un changement d’atmosphère que Pampinette n’apprécie pas beaucoup par ailleurs. En parlant de thèmes musicaux, il faut bien reconnaître que Ryo Yamazaki s’est surpassé. Chaque thème est parfaitement à sa place et tout en proposant de la variété, ils ne sont pas disparates pour autant. Petite mention spéciale pour les petites chansons chorégraphiées à la fin de chaque monde qui mettent du baume au cœur. Suite à quoi une seconde vidéo se lancera afin de conclure l’intrigue du personnage concerné. Ces vidéos sont toutes les œuvres de Visual Works. Sans doute leur dernier projet sous ce nom puisque désormais ils ont fusionné avec le studio Image Arts pour devenir le département Image Studio Division. Fidèles à eux-mêmes, Visual Works nous offre encore un travail époustouflant, redoublant de créativité dans la mise en scène.

Conque Illusion

Tout partait d’un bon sentiment. Des personnalités connues et reconnues, des thèmes peu ou proue abordés, une direction artistique onirique, un concept intéressant. Et pourtant, et pourtant, et pourtant. Balan s’effondre lamentablement lors de sa première prestation. Déjà dans son approche du jeu pour enfant. Faire un jeu à la portée de tous, même des plus jeunes, ne veut pas dire faire un jeu simpliste. C’en est presque insultant pour les enfants. Mario ou Spyro, pour les plus célèbres, savent présenter des histoires simples mais construites. Ils savent être accessibles et proposer du challenge. Et pire encore, ils ont déjà proposé du gameplay à base de costumes qui fonctionne. Ici, Balan ne fait aucun effort et ne propose aucun challenge. Aucun challenge voulu en tout cas. Car la caméra et la technique désastreuse ne rendront pas le jeu agréable. Et le gameplay ultra restrictif ne fera qu’apporter encore plus de frustration. C’est donc une tombée de rideau bien amère que nous offre la Balan Company.

Dates de sortie
Japon 26 mars 2021
États-Unis 26 mars 2021
France 26 mars 2021

Écrire un commentaire

Vous devez être inscrit(e) et connecté(e) pour pouvoir poster un commentaire.
Inscrivez-vous dès maintenant !