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Forspoken

Project Athia - Forspoken

Forspoken, longtemps présenté comme la nouvelle licence ambitieuse de Square Enix, est finalement sorti le 24 janvier 2023, après deux reports. Produit par Luminous Productions, l'équipe à l'origine de Final Fantasy XV, le jeu est inspiré de la démo Agni's Philosophy (présentée à l'E3 en 2013). Après une présentation à la PGW 2022 et une démo qui a souffert de pas mal de critiques, le jeu sort donc avec une lourde pression sur les épaules

En résumé

Frey est une jeune femme dont la vie elle-même est un problème. Dans les rues de New York, quand on n’a pas de quoi vivre, on fait ce qu’on peut pour survivre, quitte à avoir des problèmes… et pas des moindres.

Sa seule famille est son chat, Homère, qui l’attend toujours patiemment dans l’appartement miteux qu’elle occupe, semble-t-il, de manière clandestine. Jusqu’au jour où cet appartement ne sera plus qu’un tas de cendres. Pas d’argent, plus de toit, Frey erre dans les rues de New York avant de sortir sa dernière carte survie pour Homère : la laisser contre bons soins à une personne en qui Frey a confiance.

Tandis que la jeune femme semble hésiter à continuer de se battre pour survivre dans ce monde hostile, une lueur au-dessus du pont Holland (dont Frey tire son nom de famille) attire son attention. Un bracelet, élégant et lumineux, est vulgairement posé sur une table dans une pièce abandonnée. Alors qu’elle l’examine, un portail s’ouvre et elle se retrouve embarquée dans un monde inconnu, le bracelet accroché à son bras. Ainsi commence la véritable aventure de Frey Holland.

Athia… Faut explorer !

On nous téléporte dans un monde inconnu et particulièrement hostile. Si, de prime abord, on semble avoir atterri dans un univers coloré et floral, les monstres décharnés et autres joyeusetés nous réservent un accueil plus mitigé. Mais pas le temps de niaiser, il faut s’atteler à affronter un dragon, franchement pas sympathique, et à valdinguer pas loin du seul bastion où subsiste un peu de vie humaine.

Après nous avoir traité de tous les noms, supposé qu’on s’acoquinait avec le Diable, on commence à nous confier des quêtes diverses et variées. Courir après les chats reste de loin notre activité favorite mais il faut tout de même partir, explorer et on doit sortir pour affronter le monde extérieur… Et se remplir les poches ! Eh oui, vous allez devoir fouiller (mais pas trop) pour compléter les différents objectifs et ouvrir les coffres. Il y a différents thèmes qui se répètent dans chaque zone :

  • les labyrinthes scellés
  • les monuments
  • les ruines et cavernes
  • les forteresses et villages
  • les animaux de compagnie des Tanntas
  • les beffrois
  • les mutants
  • les spots de photos
  • les flashbacks
  • les world boss
  • les coffres indiqués par des points violets sur la carte.

En terminant cela, vous obtiendrez une récompense, qui peut aller des points de vie supplémentaires, une cape, un collier et même un nouveau style pour vos ongles. Ils font de belles manucures en Athia ! Bien entendu, ce contenu reste optionnel même si terminer un maximum de choses permet d’avancer dans le jeu de façon plus sereine. L’exploration peut représenter à elle seule environ 60h de jeu.

Notes de Fat Chocobo

Une exploration totalement optionnelle qui ne met pas du tout en valeur le monde ouvert. Ce dernier semble parfois inutile tant il est basique au possible. Le monde d’Athia est gigantesque mais le scénario ne nous fait visiter qu’une minuscule partie et bien que les points d’intérêts soient utiles pour améliorer les caractéristiques de Frey et pour le lore du jeu (notamment avec les labyrinthes et les villes abandonnées qui se ressemblent toutes), le monde ouvert ne sert que pour le parkour de Frey. Est-ce que de grandes zones fermées n’auraient pas été un choix plus judicieux, quitte à sacrifier la vitesse de Frey ? Si vous avez joué aux récents Assassin’s Creed d’Ubisoft, vous pourriez trouver des similitudes. Un bon point ou un mauvais point ? Tout dépend de ce que vous recherchez.

La magie et le système de combat

Le principe des magies qui sont propres à chaque Tanntas est intéressant. Chacune d’elles représente un élément et ils sont utiles lorsque l’on veut jouer sur la vulnérabilité des ennemis. Il y a la magie d’attaque et la magie de soutien, puis un combo. S’il existe une variété importante de sorts, on n’en utilise que très peu… et le martelage de touches uniques devient très vite usant notamment avec la PS5 et la manette DualSense en l’occurrence. Pour apprendre de nouveaux sorts, il faut récupérer de la mana sur la carte et prendre des niveaux, d’où l’intérêt de terminer les cartes. Il y en a une bonne quantité, mais on passe facilement à côté. Certaines magies ne sont récupérables que dans des bassins spéciaux.

Il est aussi possible de faire évoluer les magies en remplissant des objectifs, parfois un peu tordus, pour bénéficier d’un bonus en puissance. C’est long, fastidieux et pas vraiment utile sauf pour ceux qui souhaitent platiner le jeu.

Le parkour est une mécanique plutôt sympa qui permet des esquives rapides en combat, mais aussi des déplacements en trombe à travers la carte. Il est également possible, grâce au parkour, de sauter et courir sur les murs, ce qui permet la plupart du temps d’atteindre des hauteurs rapidement et sans difficulté… Tout dépend de l’objectif ciblé. Bien que très pratique, cette technique a ses limites dans le contrôle que l’on peut perdre facilement et dans la régularité dans certaines manœuvres. Si l’on va pouvoir sauter parfois très haut et très loin, pour aucune raison valable, lorsqu’il nous faut gravir un rocher immense… Frey fait grève.

Notes de Fat Chocobo

Probablement la partie la plus spectaculaire du jeu, mais ce dernier ne donne pas assez d’éléments pour la mettre en avant alors que le potentiel est plus que présent. Luminous Productions a probablement l’un des meilleurs systèmes de combat mais il n’existe que très peu de moyens pour pouvoir l’exploiter efficacement bien qu’il reste très satisfaisant. Les magies d’afflux vont éclater la rétine et les mouvements des bras de Frey donnent un aspect encore plus incroyable. Vraiment, si la magie devait exister dans la vie réelle, Forspoken serait un parfait candidat !

Les quêtes

La quête principale est intéressante, et le devient d’autant plus après le tournant que le jeu prend à partir de la moitié du jeu environ. Les Tanntas sont des personnages passionnants, et très bien mis en scène. Les quêtes secondaires (détours) n’apportent pas grand-chose, si ce n’est une monnaie d’échange et des gadgets, parfois un peu de lore sur les relations entre les personnages importants. Alors, si, les chats, c’est le bien. Courez-leur après ! Et puis, si vous aimez danser, allez-y, on connait quelqu'un qui sera heureux !

Si on ignore les quêtes secondaires et l’exploration, le jeu se termine en une vingtaine d’heures, ce n'est pas très long en soi. Mais avec l’exploration, comme indiqué plus haut, on peut gagner facilement 60h de jeu ce qui le fait monter à 80h, non négligeable pour un monde ouvert, mais correct pour ne pas tomber dans le cliché du monde ouvert qui n’en finit plus. Tout le monde ne peut pas faire comme The Witcher avec ses quêtes secondaires scénarisées !

Qualités graphiques, bande-son.

Si quelques plaintes ont été formulées par les joueurs PC, il faut dire que la PS5 remplit son rôle à merveille. Le jeu est d’une très bonne qualité graphique. Des décors travaillés, un panorama splendide, des personnages bien modélisés mais… parfois un peu figés dans leurs expressions. Les mouvements de Frey, notamment pendant le parkour, sont très bons.

Néanmoins, on regrette un manque de remplissage dans le monde d’Athia. Entre deux coffres, le chemin peut être long, et on n’y trouve que du monstre battu un millier de fois, ou une ruine qui ne contient ni coffre, ni habitant. C’est, certes, un monde ouvert, mais un monde parfois vide même si cela est justifié par son scénario avec la Brume.

La bande-son reste agréable et la musique principale tend à rentrer dans le crâne, le travail est fait et il n'y a rien à dire de ce côté si ce n'est qu'elle est de qualité.

Notes de Fat Chocobo

Il s’agit probablement de la partie la plus faible du jeu. Alors que le Luminous Engine s’en sortait admirablement bien sur ancienne génération avec Final Fantasy XV, le moteur du jeu accuse d’un manque d’évolution. Parfois, le quinzième épisode de la saga est même mieux ficelé techniquement que Forspoken, un comble alors que nous sommes sur une nouvelle génération. On ressent néanmoins une meilleure maîtrise lors de la seconde partie du jeu après les événements du chapitre 6. Le jeu n’a pas été complètement développé en interne mais avec beaucoup de sous-traitance et ça se voit. La première partie du jeu avec la ville de Cipal montre clairement que le jeu aurait mérité plus de peaufinage. Ne vous étonnez pas si vous vous retrouvez aveuglé en sortant d’un lieu fermé ou de retrouver des textures indignes de la console. Mais heureusement, on y découvre quand même des panoramas somptueux, des paysages à couper le souffle et de bonnes sensations au fur et à mesure que Frey avance dans sa quête pour la vérité.

Même s’il s’agit d’un jeu sur nouvelle génération, les méthodes de mises en scène n’ont pas évolué avec de nombreux fondus au noir, des jeux de caméra bateau, des animations qui frôlent le retour en arrière de deux générations. Les efforts ont été déployés sur Frey et les Tanntas, tandis que le reste a été mis au plus bas dans la chaîne de priorité. Comment faire passer un jeu de génération PS5 à un jeu qui peut faire penser à un jeu sur console portable en quelques minutes.

En conclusion

Forspoken aura été, avant même sa sortie, un jeu critiqué et descendu à cause d’une démo qui n’était pas très intéressante sauf pour prouver que c’était dynamique. On retrouve ce point fort dans le jeu fini. Le fait de pouvoir se mouvoir rapidement, d’utiliser des sorts pendant les sauts, d’ouvrir des coffres d’un salto arrière font qu’on s’amuse quand même pas mal. Le jeu offre une histoire intéressante et bien menée, même si le départ se fait un poil trop lentement et trop brouillon, les développeurs se sont clairement rattrapés sur la seconde moitié du jeu. Les graphismes sont superbes, mais le monde paraît un peu vide parfois. Les techniques de magie et de combat sont bien et amènent un peu de fraîcheur.

En bref, c’est un bon jeu, mais un peu court si on n’a pas envie de tout explorer. L’histoire est même trop courte car très sympa, on s’y plonge avec plaisir et cela aurait mérité un peu plus de profondeur. C’est tout de même un retour positif puisque nous sommes quelques-uns dans l’équipe à y avoir passé une quarantaine d’heures (facile).

Notes de Fat Chocobo

Critiqué bien avant sa sortie, Forspoken ne mérite pas cet acharnement de négativité. Le jeu a quand même des atouts à faire valoir : un univers riche et ficelé, un scénario intéressant bien que prévisible, un système de combat satisfaisant et une bande-son qui fait le travail. Mais le jeu est aussi victime d’une politique tarifaire qui peut rebuter et du syndrome des jeux récents Square Enix. Quitte à faire un AAA, autant y aller à fond pour tout donner et ce n’est pas le cas pour Forspoken qui reste en l’état un jeu à bon potentiel mais gâché par des décisions parfois incompréhensibles bien qu'ils soient sur la bonne voie avec les options d'accessibilité présents que nous vous conseillons de fouiller pour améliorer votre expérience. Si Forspoken 2 existe, est-ce que le moteur Luminous sera abandonné au profit d’un Unreal Engine qui fait des miracles ces dernières années ? Est-ce que Square Enix donnera enfin les moyens qu’il faut aux développeurs pour en faire un jeu pour atteindre les sommets ? Parce que Forspoken est un jeu qui essaie d’atteindre le climax mais il n’y arrive pas alors qu’il a les ingrédients. En attendant, nous vous conseillons quand même de jeter un œil au jeu avec un prix moins élevé et de ne pas le juger sur sa démo, ni sur Frey qui peut être parfois insupportable avec son vocabulaire mais attachante et surtout, cohérente du début à la fin. Surtout la fin, un message poignant et plein d'espoir. Une héroïne est née et on en avait bien besoin.

Dates de sortie
Japon 24 janvier 2023
États-Unis 24 janvier 2023
France 24 janvier 2023

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