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Valkyrie Elysium

14 ans après le dernier épisode sorti sur console, Valkyrie Profile 2: Silmeria en 2007 sur Playstation 2, la série Valkyrie revient avec un nouveau volet, nommé Valkyrie Elysium.

Cette fois-ci, de retour sur les devants de la scène console (sur Playstation 4 et Playstation 5) mais aussi pour une première fois sur la scène PC, grâce à la plateforme Steam. Takahiro Kondo, producteur du jeu Valkyrie Elysium, a voulu marquer le tournant de la série en proposant une version moderne du jeu avec le changement de genre comme principale nouveauté. Fini le tour par tour ou le tactical rpg si on repense à l'épisode sorti sur Nintendo DS : cette fois-ci, on fait place à de l'Action RPG.

Contrairement aux précédents opus, ce ne serait pas Tri-Ace qui sera en charge du développement du jeu, car actuellement ils sont sur le développement de Star Ocean : The Divine Force. Ce sera le studio Soleil (à qui l'on doit Ninjala ou Naruto to Boruto: Shibobi Striker) qui se chargera du projet.
Valkyrie Elysium fait partie d’une longue liste de jeux AA prévus pour ces prochains mois, provenant de notre éditeur favoris, Square Enix, tel que Star Ocean: The Divine Force, Harvestella…
Et c’est avec Valkyrie Elysium que l’on commence à se demander si ce grand nombre de jeux prévus ne commence pas à entacher un peu la qualité de certains titres.

Avant d’attaquer le test du jeu, nous souhaitons remercier Square Enix de nous avoir fourni une copie du jeu, quelques jours avant sa sortie. Ce test est basé sur la version Playstation 5 du jeu, avec l’audio anglaise et les textes traduits en français. Nous tenterons au maximum de ne pas vous divulgacher des éléments clés du scénario.

Odin: raconte-moi une histoire

Empruntant son univers à la mythologie nordique, Valkyrie Elysium y installera son décor. Suite à la défaite du titan originel Ymir, par Odin, le Père tout-puissant, un monde de paix régna entre les différents royaumes que sont Asgard, Midgard et Niflheim, tout cela sous la protection d’Yggdrasil, l’Arbre Monde.
Fenrir, la louve, décide d'attaquer le monde, ce qui poussa Odin à lui tenir tête dans un conflit qui embrasa le monde, détruisant de nombreuses formes de vie, poussant ainsi le monde à son déclin. La guerre finit par se résoudre sur un match nul, laissant ces 2 divinités aux portes de la mort. L’état du monde est tel que sa chute en devient inévitable, cet événement porte le célèbre nom de Ragnarök. Odin rassemble ses dernières forces pour créer Valkyrie (le joueur), envoyée divine qui devra purifier les âmes de Midgard afin de repousser la fin du monde.
L’introduction du jeu nous est racontée succinctement à l’aide de quelques diaporamas. Un choix narratif discutable pour les habitués de la série Valkyrie, dès les premières minutes de jeu.

A mes côtés, noble Einherjar

Après cette courte introduction, le jeu prend rapidement place dans un tutoriel assez dense, permettant d’apprendre toutes les mécaniques principales du jeu, y compris celles qui ne seront disponibles qu’au bout de quelques heures de progression. C’est durant ce tutoriel que l’on peut remarquer l’expérience du studio Soleil dans les jeux d'action. Manette en main, Valkyrie répond très bien, elle possède un panel riche d’actions, entre les attaques légères (Carré), les attaques lourdes (Triangle), les esquives (Rond), les parades (L1), les sorts (R2 + une touche), et surtout l’invocation des Einherjars (R1 + une touche).
Les Einherjar sont un concept connu de la série Valkyrie, consistant à faire appel à de valeureux guerriers déchus. Dans cet épisode, l’invocation des Einherjars, consiste à les matérialiser pour qu’ils nous prêtent main forte temporairement. Ils peuvent ainsi attaquer les ennemis à proximité, mais aussi servir de leurre, pour temporiser un peu, permettant au joueur de respirer lorsque les assauts d’ennemi se font trop présents. D’ailleurs chaque Einherjar est attribué à un élément, ainsi lorsqu’il est invoqué, l’arme de Valkyrie est imprégnée de l’élément de ce dernier, ce qui est utile pour l’exploitation des vulnérabilités des ennemies.

Autre nouveauté dans la série, mais pas des moindre, en appuyant sur la touche L2, Valkyrie fera appel à une espèce de grappin, nommée dans le jeu "Enchaînement d’âmes”. Ce grappin peut servir aussi bien à passer certains passages scriptés dans les niveaux qu’à se propulser vers des ennemis afin de continuer des combos d’attaques ou faire appel à d’autres coups spéciaux.

Petite information bonus : l’utilisation du grappin sera le seul moment où la manette DualSense PS5 exploitera légèrement la gâchette adaptative de la touche L2. En dehors de cela, votre manette DualSense ne sera pas plus exploitée.

Le joueur pourra améliorer Valkyrie en développant son arbre de compétences, ce dernier est divisé en 3 parties : l’attaque, la défense et le soutien.
De plus, Valkyrie sera capable de s'équiper de différents types d’armes (épée, rapière, lance…), chacune de ces armes possèdent ses propres combos, qui se débloquent au fil des améliorations auprès des points de sauvegarde, moyennant gemmes colorées que l’on récupère en abattant des ennemis.
Il n’y a pas beaucoup d'armes dans le jeu, cependant elles sont travaillées à tel point qu’on en oublie leur faible nombre.

L’épée, arme de base, infligera des dégâts modérés avec une certaine capacité à repousser les ennemis. En revanche, la rapière fournira plus de mobilité, une faible capacité à repousser les ennemis et des dégâts plus faibles. Mais elle sera capable d’exploiter plus rapidement les vulnérabilités élémentaires des ennemis (nous verrons le sujet des faiblesses élémentaires plus loin), chaque arme aura donc ses forces et faiblesses.
Un point très agréable, chaque arme possède en grande partie une liste d’attaque assez similaire entre elles, favorisant l'accessibilité pour tous les joueurs. Le joueur n’aura pas à retenir des combos trop différents par armes afin de profiter des combats.

Les ennemis possèdent 2 jauges : celle de droite indique la barre de vie d’un ennemi et celle de gauche, sa vulnérabilité élémentaire. Et entre ces 2 jauges, est placé l’élément dont l'ennemi est vulnérable (pratique, non ?). Les ennemis ont aussi une faiblesse vis-à-vis des armes qui peuvent être exploitées mais celle-ci est moins mise en avant. D'ailleurs, il faut aller fouiller dans les menus pour les voir indiquées.
Revenons sur la jauge de vulnérabilité élémentaire des ennemis, en remplissant cette dernière, il est possible de plonger l'ennemi dans un état nommé “Broyé”, le rendant vulnérable aux assauts du joueur. Cette jauge peut se remplir de 2 manières : soit en lançant des Arts Divins (consommant des PA, sorte de MP pour les arts) dans l’élément indiqué, soit en faisant appel aux Einherjars dudit élément. Dans ce deuxième cas, les coups portés par votre allié font gonfler cette jauge, mais vos coups aussi, car pour rappel, tant que votre Einherjar est présent sur le terrain, votre arme bénéficie de son élément, ce qui est bien pratique pour économiser des PA, voir en regagner.

Le système de combat est suffisamment permissif pour affronter les ennemis de différentes manières : vous pouvez soit épuiser leur barre de vie tout simplement, soit exploiter les vulnérabilités élémentaires via vos précieux alliés ou via les Arts Divins pour décupler vos dégâts à la suite de leur état de vulnérabilité. Cette mécanique est notamment pertinente face aux boss, si l’on souhaite écourter les combats. Il est assez regrettable de le dire, mais les combats contre les boss sont assez anecdotiques, on pourrait facilement les comparer à des monstres plus gros, avec plus de points de vie.

Concernant le bestiaire du jeu, il faut noter la pauvreté de ce dernier. On retrouve très rapidement les mêmes ennemis avec l’éternelle facilité technique du Color Swapping, ainsi donc votre ennemi pourra, avec une autre couleur, avoir un élément de faiblesse différent et tout en variant son coup spécial par l'élément auquel il est affilié.

Différents éléments de structuration de jeu font penser à la série des Devil May Cry, par exemple, la segmentation en chapitre qui correspond à des niveaux, où à la fin de ces derniers, une note vous est attribuée en fonction de vos performances de combat. On pourrait se demander l'intérêt de ces notes de fin de niveau, malheureusement il n’y en a aucun, mis à part le scoring (ou trophées), car peu importe votre note, vous n’aurez pas une meilleure récompense à la fin pour autant. Mais voilà, une fois le voile de l’euphorie du système de combat tombé, on commence à tâter les défauts du jeu. Et de ce côté, ça se bouscule au portillon.

Le système de combat a beau être riche et technique sur certains points, il n’en reste pas moins “rigide”. Par exemple, on ne peut interrompre un coup déclenché pour lancer une parade ou une esquive, ce qui peut être embêtant lorsque l’on fonce vers un groupe d'ennemis prêts à en découdre, avec une animation de frappe esthétique visuellement mais un peu trop longue.
Autre défaut, la caméra, qui en espace ouvert reste décente. Cependant lorsqu’il s’agit d’espaces clos, comme dans un château, la caméra va parfois jouer contre le joueur en proposant des angles coincés dans les murs, retirant toute lisibilité.

Les plumes de la Valkyrie ne sont pas si belles

Visuellement, le jeu n’est pas moche, au contraire, il oscille entre le correct et l’agréable pour les décors. Cependant, très rapidement, au bout de quelques minutes d’exploration, on est heurté par la présence du vide. On sait bien qu’on est en plein Ragnarök, mais pour autant, cela ne devrait pas être une excuse pour mettre juste le minimum : un décor, un chemin, quelques détours pour les coffres… Tout ceci afin de camoufler le côté linéaire des niveaux, agrémenté de quelques packs de monstres pour ralentir la progression du joueur dans le niveau.

La seule chose qui empêche le joueur de progresser dans un niveau est tout simplement les combats obligatoires contre les monstres. On passe d’un pack de monstre à un autre pack de monstre, sans jamais prendre la peine de contempler les lieux lors de la traversée du niveau, car finalement les décors se ressemblent. Un autre détail pour souligner l’absence de level design, c’est qu’on peut se retrouver bloqué dans un niveau par une porte fermée à clé, la clé permettant d’ouvrir la porte se trouve littéralement à côté de la porte.

Les personnages ont un style graphique à la fois réaliste et en cel shading avec des traits grossis sous certains angles. Le niveau des détails apportés sur les modèles 3D des différents personnages est très agréable visuellement, les artworks sont eux aussi sublimes.
Cependant, comme le rappelle le jeu à plusieurs reprises, le travail n’est que survolé, car en profondeur, c’est autre chose. On a moins de 10 personnages dans le jeu, avec un super chara design, cependant, là où ça pêche, c’est que lors des scènes, ces personnages ne sont pas très expressifs. Pour Valkyrie, cela pourrait se comprendre, mais malheureusement, elle n’est pas seule durant ces scènes, cela empêche tout attachement aux personnages à l’écran, un point qui pourrait être reproché au jeu par les fans de première heure de la série Valkyrie qui ont l’habitude d’avoir des personnages marquants. De plus, les scènes de dialogues doublées sont lentes avec de légers moments de silence qui s’incrustent entre chaque dialogue. Le rythme des scènes n’est clairement pas au rendez-vous pour un jeu de 2022.

Valkyrie Elysium ressemble beaucoup à un projet “Patchwork” avec :

  • Une introduction visuellement pauvre, où s’enchainent des images fixes contextualisées par une voix off, suivie d'un long tutoriel au début du jeu, qui aurait pu être dilué tout au long de l’aventure, au fur et à mesure que les mécaniques se débloquent.
  • L’impression que les développeurs ont passé beaucoup plus de temps sur le système de combat délaissant les autres plans du jeu. Ces derniers semblent avoir été ajoutés petit bout par petit bout.

Pour revenir sur le tutoriel, il nous apprend le concept de Puzzle Einherjar. Ce sont des passages dans le jeu où nous pouvons faire appel à nos chers alliés pour continuer notre chemin. Par exemple, un énorme rocher pourrait bloquer la route, en faisant appel à un Einherjar en particulier, ce rocher serait pulvérisé, nous permettant de progresser. Jusque-là, tout va bien, mais le même pop-up informatif sur les Puzzle Einherjar revient à chaque fois que le joueur s’approche d’un de ces puzzles. Et ces aides ne sont pas désactivables dans les options. Pourtant l’idée de brider les niveaux pour inviter les joueurs à revenir plus tard, une fois de nouveaux “outils” en leur possession, était une bonne chose pour inciter la rejouabilité, récompensant ainsi les explorateurs les plus chevronnés. Cependant l’apparition de ce pop-up infantilise le joueur et gâche le concept même de puzzle.
Le jeu manque de cohérence sur plusieurs plans renforçant l’impression que les développeurs ont tous travaillés dans leur coin, avant de tout réunir à la dernière minute.

Écoute mon appel, noble Einherjar

Sur la partie musicale du jeu, on y retrouve Motoi Sakuraba, compositeur depuis le premier épisode de la série Valkyrie, à qui l’on doit des thèmes poignants emplis de mélancolie, des thèmes de combat prenants, voir même incroyables. Mais malheureusement Valkyrie Elysium ne suivra pas le même chemin que ses prédécesseurs. En effet, les musiques n’arrivent pas à se démarquer, elles sont simplement très génériques. Aussi, il est bon de rappeler que Star Ocean : The Divine Force sort bientôt, il est donc possible que le compositeur ait donné plus de sa personne sur cet autre projet parallèle.

Conclusion : Envol raté pour notre Valkyrie ?

Difficile de rester très positif face à Valkyrie Elysium, le jeu semble vouloir surfer sur un succès d’antan sans chercher à comprendre pourquoi la série Valkyrie était si appréciée à l’époque. Ici, on recycle uniquement le nom de Valkyrie, en oubliant les points forts de ses prédécesseurs, tels que la narration ou encore les personnages.
Le jeu brille en revanche par son système de combat qui est vraiment agréable, sans pour autant réinventer la roue, on sent affreusement le manque d’ambition du jeu sur les autres plans. Valkyrie Elysium se clôture en moins d’une dizaine d’heure de jeu, comptez le double si vous souhaitez le compléter entièrement (Quêtes annexes, collectables, sorts, runes, etc…). Le jeu aurait clairement gagné en sortant un ou deux mois plus tard, car rappelons-le, en Novembre de cette année (soit seulement un mois et demi après sa sortie) sort un DLC proposant de nouvelles difficultés, le Seraphic Gate (pour les connaisseurs) et du scénario supplémentaire qui s’appuiera sur le point de vue d’un autre personnage présent dans le jeu.

Valkyrie Elysium souhaite poser la question suivante : Quels choix ferez-vous dans un monde injuste ?
Contrairement à son questionnement, le jeu ne propose pas de choix dans son scénario, ce dernier est dirigiste au possible, sans réels rebondissements, on traverse les chapitres entrecoupés de scènes techniquement datées, avec au final, un choix présenté dans le dernier chapitre du jeu qui influe directement sur la fin que vous allez avoir. Le jeu possède plusieurs fins, cependant on comprendra facilement les joueurs qui ne chercheront pas à toutes les découvrir tant le scénario ne nous tient pas en haleine.

Dates de sortie
Japon 29 septembre 2022
États-Unis 29 septembre 2022
France 29 septembre 2022

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