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Tactics Ogre: Let us Cling Together

 

 

 

 

La série Ogre Battle, c'est un peu le Star Wars de Yasumi Matsuno, son génial créateur : le premier opus fut l'épisode V intitulé Ogre Battle: The March of the Black Queen et sorti sur SNES en 1993. Tactics Ogre: Let us Cling Together fut lui le second opus, épisode VII de la saga, sorti également sur SNES en 1995. Le trou entre le V et le VII sera bouché sur Nintendo 64 avec Ogre Battle 64: Person of Lordly Caliber en 1999, suivi par le « IV », Tactics Ogre: The Knight of Lodis sur Gameboy Advance en 2001. Cependant, ces deux derniers épisodes, toujours développés par Quest à l'époque, ne seront pas de Matsuno. Celui-ci, avec une partie de son équipe en charge de Let us Cling Together, ayant rejoint les rangs de Square, débauché en ce temps-là par un certain Hironobu Sakaguchi. En résultera un autre titre que tout le monde connaît : Final Fantasy Tactics. Au final, Quest sera racheté par Square en 2002, peu de temps avant la fusion avec Enix. Bref, l'histoire derrière la saga et son équipe est presque aussi profonde et compliquée que celle de ses jeux. Cependant, la franchise, passée dans les mains de Square Enix lors du rachat de Quest, fut oubliée jusqu'à aujourd'hui.

Tactics Ogre: Let us Cling Together nous revient donc, revu et corrigé aussi bien sur le fond que sur la forme, avec à sa tête la dream team de feu Quest au sommet de son art.

:: La vengeance dans la peau

Les îles Valerian sont depuis toujours une terre de conflits sanglants. Ce point incontournable du commerce maritime n'a connu que souffrances et larmes, tous se battant pour sa domination. Un homme cependant a su rallier tous les peuples à lui, et pendant un demi-siècle, les îles ont connu la paix et la prospérité sous le règne de Dorgalua Oberyth.
A sa mort cependant, des tensions sont réapparues entre les trois différents peuples pour le contrôle des îles : l'aristocratie de Bakram, le peuple de Galgastan, majoritaire, et le peuple de Walister. Finalement, Bakrams, soutenus en coulisse par le Royaume de Lodis, et Galgastani se partagèrent le territoire et une paix précaire s'installa, au détriment des Walisters qui furent alors considérés comme moins que rien.

Vous incarnez Denam Pavel, un Walister orphelin vivant avec sa sœur Catiua et son meilleur ami Vyce. Tous les trois ont été victimes d'un raid des Dark Knights de Lodis où ils ont perdu la famille qui leur restait, les poussant à rejoindre la Résistance. Ainsi, en plus de vouer une haine vive aux Galgastani et aux Bakrams, les Dark Knights sont également dans leur ligne de mire, et plus particulièrement Lanselot Tartaros, le Haut Champion. Mais aujourd'hui vous est donnée l'occasion de vous venger, Lanselot Tartaros revenant sur les lieux de son crime...

Si le contexte est un brin dramatique et n'a rien de très réjouissant, le scénario en cours de jeu vous promet de nombreux drames et sacrifices, sans une once d'espoir. Matsuno nous livre là une histoire riche, dure et tragique, où chacun tente de suivre sa voie tant bien que mal. En parlant de voie, le scénario s'adaptera à la vôtre. Ainsi, suivant vos décisions, le jeu prendra une tournure radicalement différente, vous proposant des fins plus ou moins heureuses. Vos choix auront également un impact sur votre entourage, en bien ou en mal, certaines décisions pouvant retourner de potentiels alliés en ennemis redoutables.

:: Plus on est de fous, plus on rit.

Alliés ou ennemis, Tactics Ogre ne nous déçoit pas. Pour supporter son scénario d'une immense richesse, le jeu vous proposera en effet une multitude de personnages jouables et non-jouables, chacun ayant son rôle plus ou moins déterminant dans le déroulement de l'histoire. Une multitude qui risque parfois même de vous perdre un peu.

Denam Pavel
Vous. Denam Pavel, fils de Prancet Pavel, est un orphelin tout juste entré dans l'âge adulte. Son père, comme beaucoup d'adultes, a trouvé la mort un an auparavant, lors d'une attaque des Dark Knights sur Golyat. Depuis, Denam voue une haine farouche à cet ordre de chevaliers lié au royaume de Lodis. Pour satisfaire son désir de vengeance, il rejoint, avec sa sœur Catiua et son ami d'enfance Vyce, la Résistance de Walister dirigée par le Duc Juda Ronwey. Il compte ainsi pouvoir tuer le Haut Champion des Dark Knight, Lanselot Tartaros, et se libérer de l'oppression des royaumes de Galgastan et de Bakram. Beaucoup d'ennemis pour un jeune homme.

Catiua Pavel
Sœur de Denam Pavel, elle rejoint avec lui et Vyce la Résistance de Walister juste après l'exécution de son père par les Dark Knights. Posée et réfléchie, elle joue à la perfection son rôle de grande sœur afin de calmer les ardeurs de Denam et Vyce. Cependant, derrière son assurance et son côté protecteur se cache une fille fragile qui craint par-dessus tout de se retrouver seule.

Vyce Bozeck
Ami d'enfance de Denam et Catiua, il rejoint avec eux deux la Résistance de Walister pour se venger des Dark Knights qui ont également tué son père. Des trois, c'est celui qui est le plus fonceur - voire tête brûlée - faisant passer son désir de vengeance par dessus tout. Par conséquent, il est souvent en désaccord avec Catiua, dont il est en tout point l'opposé.

Faire une liste exhaustive des personnages principaux serait superflu et risquerait de vous spoiler. Sachez cependant que l'on peut compter plus d'une cinquantaine de personnages, jouables ou non, et ayant plus ou moins d'importance. Certains sont d'ailleurs parfois jouables en tant qu'alliés, parfois non-jouables en tant qu'ennemis, tout cela dépendant de vous et de vos décisions au cours du jeu.

:: Les cartes ne mentent pas

Histoire ou personnages, au final, tout est lié à vous et à votre orientation : Lawful, Neutral, Chaotic. Au début du jeu, votre orientation est décidée via plusieurs questions au hasard issues de cartes de Tarot. Suivant vos réponses, un premier alignement vous est attribué. Cependant, celui-ci n'est pas définitif et changera au cours du scénario suivant vos arbitrages.

Lawful : Votre vie et vos décisions vous sont dictées par la hiérarchie et la loi. Votre perception personnelle ne peut intervenir, car il serait déshonorant que de remettre en cause un ordre.
Chaotic : La liberté et rien d'autre. Ni Dieu ni Maître, le libre arbitre est ce qu'il y a de plus important pour vous, et seul votre sens moral guide vos décisions.
Neutral : Rien n'est noir ou blanc dans la vie, il en est de même pour vous. Si vous vous pliez aisément aux ordres, vous ne craignez pas d'enfreindre les règles pour un sujet qui vous tient réellement à cœur. Tout est une question d'équilibre.

Cet alignement aura des conséquences sur vos alliés. Ainsi, si certains vous sont d'une loyauté indéfectible, d'autres pourraient voir d'un mauvais œil certaines de vos décisions ou votre orientation. Ils n'acceptent également pas facilement de devoir tuer quelqu'un de leur propre peuple, même s'il s'agit d'un ennemi. Et si vous continuez à les offenser de la sorte, il arrivera un moment où, après une bataille, ils vous quitteront tout simplement. Alors veillez à ménager les susceptibilités de chacun.
L'autre conséquence sera, comme précédemment abordé, un scénario radicalement différent. Celui-ci s'articule sur des points cruciaux qui donnent à votre destinée une direction plus ou moins heureuse.

Tout ceci fait qu'au final, vous risquez de passer à côté de beaucoup de choses. En effet, que se serait-il passé si, finalement, votre libre-arbitre l'avait emporté sur le devoir ? Ou inversement. Eh bien c'est l'un des ajouts de cette version PSP : le Ways Of Reorder Life's Destiny (appelez-le W.O.R.L.D., c'est fait pour).

:: Les maîtres du temps

Le W.O.R.L.D, donc, consiste à vous ramener à certains points clés du temps, là où votre destinée s'est jouée, afin de prendre une autre décision. Un bon moyen optimisé pour vivre l'histoire dans son ensemble sans avoir à jongler avec différentes sauvegardes.
Il existe un système similaire également pour les combats. Appelé Combat History And Refined Implementation Of Tactics (ou C.H.A.R.I.O.T., c'est fait pour aussi), il vous permettra de remonter jusqu'à 50 tours en arrière, de quoi échapper à une défaite qui se profile. Malheureusement, ce système est un peu extrême, et bien que les combats peuvent se révéler ardus, il laisse un léger goût de triche dans la bouche. Rien ne vaut une bonne préparation plutôt que l'utilisation de ce mode.

:: Il y a ceux qui rêvent de victoires et ceux qui s'y préparent

Chaque personnage a accès grosso modo à une quinzaine de classes (plus certaines réservées). Chacune a ses propres restrictions concernant les magies et les équipements. Chacune possède également des talents spécifiques. Comme la vie est bien faite, un personnage peut « s'équiper » de 10 talents au maximum, à sélectionner dans une liste qui en compte environ une centaine...
Ces talents s'acquièrent en dépensant des SP que chacun gagne de manière individuelle. En revanche, il en est différemment des points d'expérience. En effet, ceux-ci sont attribués en fait non pas au personnage mais à sa classe. Ainsi, c'est la classe qui monte en niveau, vous permettant d'en changer plus facilement, à condition de ne pas en mettre une de côté. Un système intéressant mais qui ne vous fera pas de cadeau avec les classes arrivant tard dans le jeu (monter des niveaux 1 face à des niveaux 20 et plus, c'est douloureux).
Ajouter à tout cela qu'il y a également un bestiaire allié comptant un nombre honnête de monstres, plus quelques petites surprises pour ceux qui aiment jouer avec les morts, et vous voilà face à un casse-tête pour décider des douze combattants (maximum) devant prendre part au combat.

:: L'art de la guerre

Une fois une bataille engagée, place à votre matière grise, car l'IA adverse en général ne vous fait pas de cadeau. A vous de protéger vos soigneurs, cibles privilégiées de vos adversaires, ou toute autre unité présentant une certaine fragilité. Malheureusement, l'IA alliée n'est pas aussi subtile, et a tendance à se jeter dans la mêlée pour trépasser de manière fulgurante. Il vous incombe donc de tirer le meilleur parti possible du terrain, du temps et des faiblesses de vos adversaires si vous voulez survivre.
Sans révolutionner le genre, Tactics Ogre propose des combats très agréables, très fluides, mais aussi parfois très compliqués. Avec un nombre honorable de cartes et d'adversaires, les combats sont assez variés pour ne être redondants et se lasser. Petit coup de cœur pour les effets météo, très réussis.

:: Les meilleures soupes ? Des vieux pots et des veilles recettes

Graphiquement, le jeu est très agréable. Les sprites de la version d'origine ont été gardés et lissés, tandis que les décors sont fournis et détaillés. Sans être une refonte totale (ce que ne souhaitait pas Matsuno de toute manière), le jeu propose une sorte de « version originale avec les moyens actuels ». Côté musique, le duo Hitoshi Sakimoto/Masaharu Iwata fait des étincelles en nous berçant de pistes divines collant parfaitement à l'action. Pour le design des personnage, Akihiko Yoshida nous délivre des personnages magnifiques emprunts de mélancolie, des classes d'un charisme impressionnant, le tout avec un coup de crayon absolument fabuleux.
Le point qui pourrait venir gâcher toute cette ambiance pour nous autres Français serait cet anglais à ne pas piquer des hannetons. Soyons honnête, on est très loin de The 4 Heroes of Light. Ici, l'anglais peut donner des migraines, et sans une très bonne maîtrise, vous passerez à côté d'une partie non négligeable du scénario.

:: Conclusion

Tactics Ogre: Let us Cling Together n'est pas un remake. Les améliorations apportées au jeu sont toutes pensées pour un seul objectif : proposer un jeu revu et corrigé sans que la moindre once de son âme ne soit sacrifiée sur l'autel de la modernité.
Il serait aisé de parler encore de ce jeu tant il en a à nous donner, mais étant à court de superlatifs, soyons bref : vous DEVEZ avoir ce jeu. Le scénario, les personnages, les graphismes, la musique, l'ambiance, les combats, tout est maîtrisé sur le bout des doigts. Même les menus sont agréables (si l'on oublie le Craft). L'anglais est-il compliqué ? Oui, énormément. Est-ce une raison pour passer à côté ? Absolument pas. De toute manière, les T-RPG sont une niche de niche, leur traduction n'est que trop peu envisageable. Alors liez-vous d'amitié avec votre dictionnaire anglais/français et partez à la conquête des îles Valerian. Ce jeu est un monument du RPG dont vous ressortirez grandi et fier.

 

Dates de sortie
Japon 28 novembre 2010
États-Unis 15 février 2011
France 25 février 2011

 

Les commentaires

  • commentaire par samaël le 07.04.2013 à 21h52

    Réponse un peu tardive mais je crois qu'il est intéressant de savoir qu'il n'y a pas que la fin du jeu qui change mais toute les étape de l'histoire! Par contre je dois admettre que pour avoir tout les persos importants du jeu (car,oui on peut les perdre) est très difficile au vu de leur tendance suicidaire durant les combat où il sont autonome...

  • commentaire par Fainaru Fantajii le 26.02.2011 à 22h43

    Je veux je veux je veux !!!

  • commentaire par Simousse le 26.02.2011 à 18h39

    Plusieurs fins oui, en fonction des décisions prises pendant le jeu.

  • commentaire par Darki le 26.02.2011 à 15h02

    Un jeu de Yasumi Matsuno, c'est toujours un bonheur que d'en entendre parler.
    J'ai grande hâte de l'essayer, tout comme le légendaire FFTactics x)

    Excellent article Sim' !

  • commentaire par Toulala le 26.02.2011 à 14h25

    Très intéressant, ça donne bien envie d'essayer. Ça me fait penser à Chrono Trigger et Chrono Cross. Est-ce qu'il y a plusieurs fins possibles, du coup ?

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