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War of the Visions: Final Fantasy Brave Exvius

Ce test est effectué à partir de la version 1.1.2 du jeu

Depuis la sortie initiale de Final Fantasy Brave Exvius en 2015 sur les appareils iOS et Android, c’est un véritable phénomène qui se produit. Il est rapidement devenu le jeu sur appareil portable le plus rentable de Square Enix et a donc évolué en conséquence. En plus des améliorations internes au jeu, Final Fantasy Brave Exvius est devenu une licence de la saga Final Fantasy à part entière.

D’abord avec le manga Final Fantasy Rikodoki! publié quotidiennement sur le Twitter officiel du jeu, qui fut rapidement suivi quelques jours après par l’application Facebook Final Fantasy Brave Exvius Tap!, puis par Final Fantasy Brave Exvius Chocobo Run! début 2019, également sur Facebook (ces deux applications sont désormais fermées et pas très intéressantes de toute manière). Enfin, le premier « vrai » jeu dérivé de Final Fantasy Brave Exvius sur appareil mobile, sous-titré "War of the Visions", paraît fin 2019. Et pour finir, l’adaptation en comédie musicale de Final Fantasy Brave Exvius début 2020. 

Comme nous pouvons le constater, la licence Final Fantasy Brave Exvius est devenue un phénomène. Et cet article a pour but de dresser un bilan sur War of the Visions deux mois après sa sortie.

Un air de déjà vu

Le moins que l’on puisse dire de War of the Visions: Final Fantasy Brave Exvius (abrégé en WotV par la suite), c’est qu’il a parfaitement assimilé le proverbe « c’est dans les vieux pots que l’on fait la meilleure soupe ». Et comme vous allez pouvoir le constater, il emprunte beaucoup d’éléments à ses aînés. 

De la même manière que Final Fantasy Brave Exvius est un fac-similé du célèbre jeu mobile Brave Frontier, WotV en est un de The Alchemist Code. Rien de surprenant jusque-là, puisqu’il s’agit à chaque fois de jeux développés par la société Gumi Inc. Ainsi, on y retrouve beaucoup d’éléments, qu’il s’agisse de l’interface, du gameplay ou même du scénario lui-même. 

Mais il y a une seconde inspiration, très grosse inspiration même. Il s’agit de Final Fantasy Tactics lui-même, l’original de 1997. The Alchemist Code étant déjà un tactical RPG, la synergie ne pouvait être plus parfaite. Il faut dire que cela fait des années que les joueurs réclament un nouveau jeu dans la série des Tactics. Si on ne compte pas le négligeable Tactics S sur les téléphones japonais, il faut tout de même remonter à 2007 pour trouver le dernier tactical RPG estampillé Final Fantasy

Une TACTICS gagnante…

Comme annoncé juste auparavant, l’attente d’un nouveau Final Fantasy Tactics commençait à se faire longue. Douze longues années se sont écoulées depuis que Final Fantasy Tactics A2 est sorti sur Nintendo DS. Et personne ne s’attendait à ce que ça soit Final Fantasy Brave Exvius qui prenne la relève. Pourtant, nous y sommes. La première des interrogations était “pourquoi ?”. La seconde fut “sous quelle forme” ? Des questions légitimes auxquelles nous avons déjà répondu. Au moins pour la première d’entre elles. Quant à la seconde, la réponse se scinde en deux parties. Une pour chacun des deux parents de WotV

Après un Final Fantasy Tactics particulièrement sombre pour la série, ses deux suites étaient beaucoup plus colorées. Il était donc logique d’imaginer que ce nouveau tactical RPG serait dans la même veine. Il n’en est rien puisque tout dans WotV est fait de telle sorte qu’il soit un écho au jeu de Yasumi Matsuno. A commencer par son nom qui n’est rien d’autre qu’un miroir de War of the Lions, le remake de Final Fantasy Tactics.

Mais l’hommage ne s’arrête pas là. Toute la direction artistique du jeu est reprise du jeu PlayStation. Square Enix et Gumi étant même allés jusqu’à embaucher un artiste pour imiter le style unique de Akihiko Yoshida. Et force est de constater que Ryoji Ohara le fait avec brio. Même les personnages de Final Fantasy Tactics, qui ont été ajoutés via des événements, sont plus vrais que nature. De la même façon, la direction artistique du jeu est la même que la série des Tactics : une carte délimitée, entourée de vide. Seule différence néanmoins, les personnages ne sont plus au format miniature mais bien à taille réelle. Que ce soit pendant les combats ou les cinématiques, d’ailleurs. Cinématiques qui sont toutes doublées, en anglais ou en japonais. Un confort non négligeable hérité de The Alchemist Code cette fois, qui fait autant de bien à la série Brave Exvius qu’à Tactics

Puisque l’on parle de cinématiques, il est normal de basculer vers le scénario. Et ici encore, l’inspiration de Final Fantasy Tactics est à peine voilée. Bien qu’il ne s’agisse pas d’une guerre civile comme à Ivalice, le continent d’Ardra est quand même en proie aux conflits entre les différentes nations qui le composent. Comme dans Final Fantasy Tactics, c’est l’Eglise qui tire les ficelles, et comme dans Final Fantasy Tactics, il faut récupérer des artefacts aux pouvoirs incommensurables pour faire pencher la balance. Même les personnages de WotV ont un air de leurs prédécesseurs. Il est difficile de ne pas voir un semblant de Ramza dans Mont ou encore le cardinal Delacroix dans Sadali. Un retour vers le sérieux et la noirceur de M.Matsuno qui est plus qu’appréciable.

...mais un Gumi-figue mi-raisin

Et si jusque-là nous avons vu les bons points qui découlent de Final Fantasy Tactics, il est temps de s’attaquer aux mauvais hérités de The Alchemist Code. Il est sans doute inutile de rappeler que ces dernières années Square Enix apprécie plus que de raison le format économique des jeux freemium. Mais jusqu’ici, les jeux ont gardé un certain équilibre qui les rend accessibles à tous. Avec WotV, on franchit l’étape des comptes premium. Basiquement, plus vous investissez d’argent dans le jeu, plus le jeu vous offre d’avantages concrets. Les limites qui sont imposées aux joueurs lambda sont abolies pour les joueurs qui dépensent. Et comme si ce n’était pas suffisant, le jeu fait la distinction entre la monnaie gagnée dans le jeu et celle achetée par le joueur. Ce qui, au final, permet aux joueurs premium de bénéficier de bannières avec des taux d’obtention supérieurs aux joueurs classiques et d’objets inédits dans les boutiques. C’est une pente dangereuse vers laquelle se tourne Square Enix avec ce système qui en fâchera plus d’un.

Le second gros problème de WotV, c’est sans conteste possible l’évolution des personnages. Dans Final Fantasy Tactics, il suffisait de faire augmenter le niveau de job de ses personnages pour les faire évoluer et en débloquer de nouveaux. Ici, on efface tout et on recommence. Déjà, chaque personnage n’a le choix qu’entre trois jobs qui lui sont imposés. Et n’imaginez pas pouvoir cumuler leurs compétences et préparer des stratégies. C’est un seul job à la fois ! Incarner un seul job, oui, mais impossible de le faire progresser de manière classique, évidemment. Pour les améliorer, il faut débloquer un arbre de compétences qui dépend de BEAUCOUP de choses. Un peu trop, même.

Tout d’abord, il faut penser à monter le niveau des jobs pour débloquer seulement une partie des compétences. Monter le niveau d’un job requiert plusieurs matériaux qu’il faudra collecter. Il faut également penser à briser la limite du personnage pour augmenter le niveau maximum des jobs et du personnage et ainsi  débloquer plus de compétences. Sauf que briser les limites va vous demander beaucoup de temps. A titre d’exemple, il faut 600 éclats pour atteindre la limite maximale d’un personnage avec la rareté la plus accrue, sachant qu’on ne peut en obtenir que deux par jour gratuitement. Une autre partie des compétences se débloque via l’éveil du personnage. Ce qui, comme vous vous en doutez, demande encore des matériaux. Matériaux qui se déclinent en rareté, en niveau, en job mais également en élément. Parce que oui, WotV hérite d’un système de forces et faiblesses qui dépendent de l’élément des personnages, mais aussi du type d’arme (perçante, coupante, contondante, etc.).

Et en parlant des armes, les équipements ne sont pas épargnés non plus ! Pour eux aussi, il faudra passer du temps. Déjà, le nombre d’équipements que l’on peut porter dépend de combien de limites vous avez brisé pour votre personnage. Ensuite, il faudra obtenir une recette pour forger vos armes et armures. Et enfin récolter des matériaux et des tomes pour les éveiller ! Comme pour vos héros en somme. Il faut ensuite également veiller à améliorer les Espers, les chimères, et les Atouts-Vision, des cartes qui octroient des bonus de statistiques, que vous associez à vos personnages. Et évidemment, cela demandera à nouveau de les éveiller avec des éclats, comme les personnages. Sauf que ceux-ci ne s’obtiennent pas avec les missions mais seulement avec des doubles ou dans la boutique. En bref, il faut passer beaucoup, beaucoup, beaucoup de temps pour optimiser son équipe ! Heureusement qu’un mode automatique permet d’enchaîner de façon autonome les missions pendant que l’on fait autre chose. 

Et comme si tout ça n’était pas assez complexe, il faut également jongler avec une interface surchargée. Rien que sur l’écran d’accueil on se retrouve avec une bonne vingtaine de menus différents. Tous ayant bien entendu leurs propres sous-menus toujours plus nombreux. Autant il est courant de tomber sur des jeux freemium avec des menus à tout-va, autant c’est rarement le cas au lancement du jeu. En général, c’est lorsque les jeux commencent à se développer que les équipes ajoutent du contenu pour étendre la durée de vie et garder l’attention des joueurs. Ici, dans WotV, c’est dès le lancement du jeu. Une inspiration de The Alchemist Code dont ils auraient pu se passer, car cela donne un sentiment d’étouffement.

Bilan

Au final, c’est un résultat en demi-teinte que nous proposent là Square Enix et Gumi. D’un côté, on y retrouve tout ce qui fait l’identité de Final Fantasy Tactics. L’ambiance, les personnages, l'intrigue et même le nom. Mais de l’autre, il y a également tous les mauvais penchants de Gumi avec une forte volonté de faire payer les joueurs et des dizaines d’heures à faire les mêmes missions en boucle pour augmenter les différents personnages. Sauf si on passe par la boutique, évidemment.

Le plus ironique, c’est que le lien entre War of the Visions et Final Fantasy Brave Exvius est si ténu, que sans le nom du jeu il est impossible de le deviner. Que ce soit l’esthétique, le gameplay ou même le continent où se déroulent les jeux, tout est différent. Il n’y a guère que le personnage de Gilgamesh qui sert de pont pour le moment, ainsi que les quelques rares unités tout droit importées de Final Fantasy Brave Exvius. Cela a au moins l’avantage de pouvoir faire un jeu sans être obligé de connaître l’autre.

Au final, ce jeu n’est qu’une énorme frustration. La réalisation de War of the Visions nous démontre parfaitement qu’un Final Fantasy Tactics HD est possible et ce à quoi il ressemblerait. Des personnages avec des proportions réalistes, l’intégralité des dialogues doublée, un scénario adulte… Un jeu qui aurait parfaitement trouvé son public s’il était un jeu solo sur console. Mais à la place, il est gâché par un aspect freemium poussif. Une décision vraiment dommageable. Malgré tout, le succès est d’ores et déjà au rendez-vous. Cela permettra peut-être à Square Enix de considérer un nouvel épisode pour la série des Tactics en bonne et due forme.

Dates de sortie
Japon 14 novembre 2019
États-Unis 25 mars 2020
France 25 mars 2020

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